Le notaire, les chevaux… et la drogue (2)

Hier nous nous sommes quittés sur cette histoire d’hélicoptère jaune et bleu, dans une décor de trafic aérien Maroc-Espagne effectué par un hélicoptère français.. Aujourd’hui, on se retrouver avec un appareil tout noir. Surprise, c’est le même.. à quelques mois à peine d’intervalle. Et revenu pour faire exactement la même chose, comme si la première ne lui avait pas suffi !

Bis repetita, l’hélico qui vire du jaune au noir

L’hélicoptère jaune a été remis, on l’a vu, à son propriétaire Héli-Industries par décision du juge d’instruction, au prétexte de « difficultés de gardiennage » (et de coûts élevés !). Or de manière assez incompréhensible, dès le 5 octobre 2010 suivant, alors que le jugement sur ses activités précédentes n’a même pas encore été rendu, le revoici remis en service, et surtout une nouvelle fois impliqué dans un nouveau trafic de drogue, pour des trajets similaires, et pour trois vols, chacun apportant 450 kilos de résine de cannabis et peut-être aussi avec de la cocaïne à bord. Viusiblement, on a réacivé une filière !

Avec deux changements notables : l’engin a été repeint sur l’extérieur seulement (mais l’ancienne couleur apparait toujours surs montants de porte ou l’entrée d’air de la turbine, comme montre une image dont on pousse le contraste ‘cf ici à droite), il est devenu intégralement noir. Et son pilote s’appelle désormais Christian Sormani. Ses trois vols de cocaïne avec lui aux commandes ont été comptabilisés; d’abord le 26 juin 2010 un vol Cannes-Séville fait à vide, servant de reconnaissance avec Ludovic Ortuani comme co-équipier, qui ne compte pas donc dans la comptabilité du trafic de cannabis.

Puis un premier cette fois chargé en aller-retour Espagne-Maroc-Espagne avec 450 kg de résine à bord, effectué le 3 juillet 2010 : il s’était posé à Los Arrayanes (ici à gauche). Un autre vol le lendemain, avec un retour à vide de Los Arrayanes vers Cuers-Mandelieu.. Un second voyage Espagne-Maroc-Espagne, ensuite chargé avec 450 kg aura lieu le 25 juiilet 2010 puis un troisième le 8 août 2010 de Cadix à El Fendek (entre Tanger et Tétoiuan) et retour avec 450 kg de résine de cannabis encore une fois à bord. Peu de temps après, Sormani sera arrêté à Parisl le 5 octobre 2010 (merci à Falcon pour l’établissement de la chronologie des vols).

Plus d’une tonne

« En trois voyages, selon l’accusation, le F-GKMR a transporté plus d’une tonne de hasch entre le Rif marocain et le sud de l’Espagne. Il avait déjà servi au même usage, entre 2006 et 2008, pour une filière corse dans laquelle Gilbert Casanova, ancien président de la chambre de commerce de Corse-du-Sud, avait été condamné. Et cela, Christophe Sormani le savait lorsqu’il avait loué, en avril 2010, cette machine, 90 000 € pour six mois ». Sormani « travaillait » alors pour des truands marseillais dont le chef était Lahouari Restani. L’engin allait chercher le hasch dans une ferme isolée du delta du Guadalquivir et aux alentours de Tanger, selon ses relevés GPS, pour le remonter en Espagne. Chaque voyage était payé par les malfrats 50 000 euros au pilote, pour 45 minutes de traversée au ras des flots. Ou des mâts de bateaux de pêche (souvenons nous de son avant défoncé quand il était encore jaune et bleu) ! Sormani, pour expliquer ces vols en rase-vagues avait eu ce mot devant les policiers : « Il faisait tellement beau avec le clair de lune que Ludo (Ludovic Ortuani) s’exclamait qu’il allait toucher l’eau avec sa main »

Mais avouez que refaire la même chose, avec le même hélico, à la barbe de la police, à aussi peu de temps d’intervalle, est assez… euh…troublant !! Quelqu’un aurait-il voulu rééditer l’effet médiatique de la chose ? En tout cas son co-pilote des soirs de lune affichait un beau CV derrière lui : le 22 décembre 1996, nous dit un autre texte encore, il avait été « mis en examen des chefs de tentative de vol avec arme, tentative de meurtre concomitante à la tentative de vol avec arme, vol de véhicule, et usage de fausses plaque » . Le texte émanant de la cour européenne des Droits de l’Homme (requête no 61512/00 du 24 jui!n 2003) dans laquelle l’accusé avait critiqué sa détention, jugée abusive selon lui ! Le jour de son arrestation, il avait tiré sur deux policiers et son collègue voleur avait été abattu !!!.

Le problème du rase-vagues demeure pourtant, car c’est bien l’hélico dans sa livrée jaune qui s’était pris le fameux mât de navire en plein nez. Sormani, se vantant de voler le plus bas possible était-il aussi celui qui était à ses commandes de 2006 à 2008 ? Les pilotes expérimentés faisant ce genre d’acrobaties liées à un trafic de drogue ne sont pas nombreux, ils se comptent sur les doigts de la main.. et l’idée qu’il ait pu « souhaiter » voler sur un engin qu’il connaissait parfaitement refait surface (car pourquoi donc cette machine précise-là comme monture et pas une autre ?).

La bande des marseillais

Ce pilote-là est plutôt lié à une  seconde équipe… de marseillais, cette fois,celle de Francis Castola, ex membre aussi du « Petit Bar » dont ill a été  un temps le propriétaire (un Petit Bar abonné à la rubrique faits divers depuis des années !). Or lui, sa spécialité, justement c’est la cocaïne plutôt, et non le cannabis, depuis sa première affaire dans le domaine en 2000. Et  c’est aussi le grand rival du clan Orsoni. Quand il se fera arrêter, en septembre 2010, dans un « go-fast » sur une aire d’autoroute près de Narbonne, en remontant de Madrid, en compagnie de Krishna Léger et d’Eric Jourdan déjà impliqués tous les deux dans des trafic de cocaïne (voir plus loin ici), son véhicule dissimule en effet 4,8 kilos de coke ! Une arrestation qui permet, quel hasard n’est-ce-pas,, de découvrir que les véhicules circulant sont largement modifiés pour dissimuler la drogue, des modifications effectués dans des garages discrets… tel celui que tient Christophe Sormani, et qui lui sert aussi à préparer ses bolides de compétition : on revient au même individu, dont le rôle dans cette affaire devient vire… prépondérant !

Le clan Castola traîne lui un beau pedigree derrière lui et une bonne paire de places au cimetière: Le frère de Francis, Thierry Castola, et leur père (Francis également) ont été tués assassinés dans des guet-apens et lui venait juste d’en réchapper à Alata (Corse-du-Sud). Ils sont la cible du clan rival depuis des années. Dans le groupe, il y a aussi un caïd niçois proche du milieu corse, Thierry Derlan, connu pour s’être évadé en hélicoptère de la prison des Baumettes, en juin 1999, lui et son comparse, Eric Bertnuy dit « la Tortue ». Celui qui avait fait sortir par les airs Derlan et pris le pilote en otage s’appelait Patrick Guillemin, connu pour des attaques à main armée dans la région lilloise et qui avait déjà connu les Baumettes, Au final, ils n’ont pas survécu longtemps en tout cas ces deux-là : tous deux ont été tués par balles : Bertnuy  a été descendu en 2009 à Marbella (Espagne, un des fiefs du trafic) et Derlan le sera en 2010, à Nice, abattu de 7 coups de pistolet par deux tueurs distincts. La coke, ça ne fait pas vivre longtemps, il semble bien. Surtout quand elle vient de Marbella !

En fait, Sormani était devenu en quelque sorte le « co-locataire » de l’hélico : « attaché au service d’un richissime résident suisse qu’il véhiculait avec son avion (on va voir lequel plus loin), il avait connu, en 2010 un trou d’air professionnel et accepté de partager la colocation de cet appareil ». Le trou d’air, c’est d’avoir été privé d’ailes, car c’est à ce moment là que le bimoteur qu’il pilotait a été garé à Sarlat, par peur que les policiers ne le saisissent (on va y revenir) ! Se retrouvant alors au chômage en tant que pilote… mais pas en qualité de clerc comme on l’a vu ! D’où les trajets de remplacement, la demande n’attendant pas : « ce Niçois un peu bling bling, (cf ci-dessous à droite à bord d’un yacht à moteur) amouraché d’une prostituée brésilienne, surnommé Aldo car il roulerait des mécaniques, avait été approché par un certain Karim, un Marseillais de Marbella, en l’occurrence Lahouari Restani. 

« Qu’est ce que tu es capable d’aller chercher en bas ? » lui avait-il un jour simplement demandé, comme une boutade… le contrat verbal avait été alors aussitôt conclu ! « Il avait aussi reconnu aussi dans une autre déposition qu’un certain « Karim » venu en scooter (le même trafiquant) « était venu lui apporter devant la mairie de Marseille les 80 000 € nécessaires à la location de la machine ». En manque de fonds, il puisera un jour dans le produit d’une revente bien particulière comme on va le voir plus loin pour régler la seconde location… (retenez donc ce paiement, très particulier !). Quand au fameux « patron suisse », cité, il pose surtout la question fondamentale : mais qui a pu vendre ou louer le même hélicoptère déjà saisi une première fois pour refaire exactement la même chose avec ? Ou qui a pris la décision de le faire ? Et pourquoi refaire exactement la même chose, alors que l’on a arrêté tout le groupe qui avait ainsi trafiqué ? Là encore, il nous faudra attendre 2016, puis 2018 et même 2021 en définitive, pour connaître le fin mot de cette tortueuse histoire. Lors de la lecture d’autres documents émanant de procès successifs !!!

La bande de Cannes-Marbella

Un blog qualifiera le dossier ainsi, pour parodier un fllm connu :« 24 salopards au procès d’un vaste trafic international de stupéfiants ». Salopards on ne sait pas , mais truands c’est évident. Dans le lot on a oublié de citer franco-marocain Anas Tadini, joueur de poker de rang international. et Diègue Campo, un Cannois, repris de justice franco-espagnol et organisateur des «go-fast» aux caches sophistiquées, remontant la drogue vers Paris. « Diègue Campo, 49 ans, qui se partageait entre Marbella et Cannes, où il occupait un appartement de la Pointe Croisette. Un quartier où il disposait également de deux boxes de garage dans des résidences distinctes, qui servaient au stockage de résine de cannabis importée par centaines de kilos du Maroc, ainsi que de cocaïne. » Un long travail de surveillance et de filatures entre la Côte d’Azur et l’Andalousie avait permis de constater que « Campo faisait fréquemment « l’ouvreuse » sur l’autoroute, pour des véhicules venant d’Espagne, à destination de ces boxes de Cannes. Il ouvrait également la route au passeur toulonnais Ludovic Ortuani, jusqu’en Italie. »(ce dernier arrêté début décembre 2010, dans son garage de La Seyne-sur-Mer; c’était lui le co-pilote de hélico de Sormani,lors du premier trajet de ce dernier, notamment, payé lui 15 000 euros à chaque trajet).  Pour ce faire, Campo, recevait 5000 euros par mois de la bande de trafiquants ! un « salarié du trafic !!!

Les voitures de Campo étaient soigneusement« préparées » par des garagistes (le premier métier de Sormani !) : « l’un de ces véhicules avait pu être récupéré par les enquêteurs début décembre 2010, à Nice. Il s’agissait d’une Ford Mondeo, au volant de laquelle se trouvait un Varois, se disant vendeur de voitures au noir à Ollioules. Il venait de prendre livraison de la voiture des mains d’un carrossier de l’arrière-pays niçois, qui y avait aménagé, dans un atelier clandestin d’Entrevaux, (ici à gauche) une cache pouvant contenir 200 kg de marchandise ».

A Entrevaux, il faut le vouloir pour y situer un garage à voir la configuration du village !!! L’idée étant de dissimuler au maximum les préparatifs, à l’évidence ! Au hasard des découvertes, on finit par trouver au nom de Sormarni une société : « Meca Performance«  située 343 Avenue Vallons Scurs à l’Escarène. Son activité ? « Commerce et réparation d’automobiles et de motocycles«  Et son patron : Christophe Sormani ! L’entreprise a été radiée en 2007, juste après les premiers vols d’hélicoptère (il n’avait pas le don d’ubiquité !). Décidément, il s’occupait de bien des choses, ce faux clerc de notaire ! L’entreprise possédait même son stand en rallyes (ici à droite) !! Ortuani lui, avait prise le relais dans sa concession automobile située à Toulon. Elle avait été créée le 18 octobre 2010… et a disparu depuis. Avec Sormani et sa prostituée préféré, c’est bagnoles, whisky et petites pépées ce gang, qui à tout d’un gang à l’ancienne !

Par bateaux aussi, des expéditions minutieusement préparées

L’engin n’aurait donc transporté que de la résine de cannabis ? Pourtant, ce n’était pas faute de spécialistes de la coke dans l’équipe de Christophe Sormani ! Parmi les personnes arrêtées des récidivistes, dont l’un d’entre eux n’avait pas beaucoup attiré la presse jusqu’ici : c’est Krishna Léger, dit «Le Grand », pourtant déjà condamné en Espagne à 14 ans de prison pour l’importation à bord d’un catamaran de 1,1 tonne de cocaïne en 2003. A l’époque, c’était un record. 

Or celui-là aurait eu à en dire, avec cette première affaire, en tant que véritable pionnier des importations en masse de coke colombienne… par bateaux ! On a tort, souvent, de ne pas s’intéresser à ceux que l’on appelle les seconds couteaux… la preuve avec « Le Grand » Krishna… retrouvé hier de façon toute aussi étonnante par nos confrères du Guardian, reconverti en cuisinier haut de gamme ayant décroché son étoile au Michelin après un  long passage de plus d’une décennie aux Baumettes !!! Le second-couteau devenu chef cuistot, avouez que c’est assez tentant à dire ! Les pianos de cuisson auront décidément tout vu !

On retombe sur une vieille connaissance !

La remontée de la filière de ‘hélicoptère espagnol montre que le groupe est composé d’une multitude de petites mains mains, plus ou moins jeunes, mais aussi de grands noms du banditisme à l’ancienne. En Corse ou à Marseille, si on enfonce un peu le bouchon d’affaires de délinquance, il remonte toujours avec attaché à lui de vieux briscards du grand banditisme. Les policiers sont quand même un peu étonnés dans leurs recherches à partir du trafic par hélicoptères venus d’Espagne de tomber sur une de leurs très vieille connaissance, celui que l’on surnomme depuis des lustres « Tony l’Anguille », vu sa remarquable capacité à échapper aux policiers. « Tony l’Anguille’, alias Antoine Cossu, figure du grand banditisme (ici à gauche à ses débuts), a été interpellé dimanche soir à Marseille dans le cadre d’une enquête sur un trafic international de stupéfiants. Il a été conduit à Montpellier en vue d’une perquisition à son domicile, à Balaruc-le-Vieux (Hérault) (…) « 

« Ex-beau-frère et homme de confiance du parrain marseillais Francis Vanverberghe, dit « le Belge », assassiné en 2000 à Paris, Antoine Cossu a été condamné à plusieurs reprises notamment pour braquages, lui valant une vingtaine d’années en prison. En 2004 encore, il avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle dans le « dossier Topaze », un réseau international de trafic de cocaïne et de cannabis, par la cour d’assises spéciale d’appel des Bouches-du-Rhône, avant de se lancer dans la publication de deux livres. Cossu avait été interpellé en 1998 dans un hôtel à Madrid dans cette affaire impliquant aussi les frères Perletto (des caïds du Var dont l’un, finalement acquitté, a été assassiné en juin 2011) et Jean-Claude Kella, un ancien de la French Connection, reconverti lui aussi dans l’écriture. Antoine Cossu fut surnommé « l’Anguille » pour sa propension à passer à travers les mailles du filet de la police et de la justice » Interrogé (complaisamment) ailleurs au moment de la parution de son livre, il avait eu cette phrase étonnante sur l’évolution du « métier »: « avec ces histoires d’ADN, le fait qu’il n’y a quasiment plus de liquidités, tu peux plus faire de gros coups. C’est pour ça que tout le monde fait dans la came. » Tout le monde ? Enfin surtout les marseillais de Marbella !

Et pour aller plus vite, ou gagner plus, is font aujourd’huii dans la came par hélico pourrait-on ajouter, à la place de bêtement braquer des agences bancaires !! Rappel : Kella avait été arrêté en 1998, dans le cadre de l’Affaire Topaze, (voir ici) qui était déjà un trafic de cannabis entre le Maroc et le sud-est de la France, et elle-même la suite de l’affaire Océan, mais aussi une affaire de cocaïne transitant par le Brésil… Dans l’organisation, on utilisait tout un métalangage qui lui était propre, mis en place par les truands pour communiquer entre eux (ce n’était pas l’époque des portables !), un alphabet véritable que les policiers avaient fini par décoder fin juin 1997.

La génération montante de malfrats sera d’un tout autre calibre (de Kallachnikov ?). A l’époque dans le lot il y avait une autre petite main : celle de Farid Berrahma « dessoudé », à savoir descendu comme on dit dans le milieu de 20 balles par des rivaux corses (dont Ange Toussaint Federici), toujours cette rivalité Marseille-Corse), surpris en regardant à télé un match de foot. Lyon-AC Millan (c’est Lyon qui porte malheur, c’est sûr !).

Sa spécialité à lui était de tuer, sur ordre, sans aucun remords, et il avait visiblement retenu des éléments de langage de la génération précédente, en évoquant par mots fleuris au téléphone ses assassinats, devenus dans sa bouche des « «anniversaires», des «bouillabaisses» ou des «feux d’artifice» ses victimes étant appelées des «dames» ou des «fiancées» » Une fois son forfait accompli, ça donnait par exemple comme message à ses commanditaires « la dame a mangé les langoustes comme prévu » relève ici Libération. Venu des quartiers nord, on le surnommait surtout « le rôtisseur », car le plus souvent il tuait puis laissait le corps de sa victime dans une voiture à laquelle il mettait le feu. Il a fait plein d’adeptes, hélas, depuis, à Marseille ! Tout ça au moment en 2006, au moment où les hélicos commencent leurs rotations méditerranéennes ! C’est de la grande délinquance dont on parle-là, et pas simplement de ballots de toile remplis de haschich !

Le précédent de 2003 : Krista avait déjà sévi, et dans les grandes largeurs 

Ce fameux Krishna Léger évoqué plus haut est très intéressant et important historiquement, en effet, comme le dit l’attendu du procès de 2004, visible ici, qui avait montré l’organisation scrupuleuse d’un énorme trafic maritime, avec à la base de gros investissements dans des voiliers neufs construits et achetés en France, tout un système montré en détail dans l’indispensable ouvrage « La guerre perdue contre la drogue » de Jean-François Boyer, dont voici un extrait : « la police française établira que, de 1993 à 1995, Jaramillo servira d’intermédiaire pour acheter aux Français deux Marquise 56, un Tobago 35, un Privilège 43, un Privilège 46 et un Privilège 65. Le plus petit, le Tobago (environ 11,5 mètres de long), pour 1,2 million de francs. Le plus grand, le Privilège 65 (environ 21,5 mètres de long) pour 9 millions de francs. En fait, la police panaméenne et la DEA recenseront au moins neuf catamarans semblant provenir des mêmes chantiers. Comme chaque fois que les narcos font leurs emplettes en Europe ou aux Etats-Unis, les contrats d’achat sont établis de manière à brouiller les pistes ».

« Dans certains cas – un Privilège 48, par exemple, (un modèle ici à gauche) baptisé par la suite Sagitario -, apparaît comme acheteur- propriétaire un dénommé Jorge Cortés.  C’est l’une des fausses identités de Castrillon Henao. A ce nom, il possède un passeport colombien et a ouvert huit comptes à la Loran Investment de Panama. Castrillon Henao (ici à droite) visitera la France sous six identités différentes. Il n’y laissera pas beaucoup de traces. Jaramillo paie absolument tous ses frais ».

« Dans d’autres cas, l’acquéreur est Manuel Avilés, l’un de ses complices. Avec une société américaine, Jaxpo Inc., il achète un Privilège à Jeantot Marine. Manuel Antonio Avilés Durân, de nationalité hondurienne, est l’un des principaux prête-noms de l’organisation. Il apparaît au registre des sociétés panaméennes comme directeur de plusieurs entreprises de pêche, propriétaires d’une partie de la flotte de Castrillôn Henao : Vizcaino Fishing SA, Kino Fishing SA, El Ciprés Fishing SA. »

« L’OCRGDF et l’OCRTIS français ne recueilleront pas la moindre preuve de complicité de Pajot-Fountaine et Jeantot. » (les policiers n’y ont vu que du feu). « Pour ne pas éveiller de soupçons, les voiliers sont convoyés jusqu’à Panama par des skippers européens. Ils sont ancrés aux Yacht Club de Cristobal (à l’entrée du canal sur l’Atlantique) et de Balboa (sur le Pacifique), dans le port de pêche de Bracamontes et en baie de Contadora (ici à gauche) , l’une des îles de l’archipel des Perles, célèbre pour avoir accueilli le Shah d’Iran en exil et très apprécié pour ses plages de sable blanc. Ils ont été baptisés Michelangelo, Maria del Mar, Sagitario, McMax, Orient Express, Cisa, Champagne, Moana – ou Alanwana, les policiers panaméens ne sont pas sûrs de l’orthographe -, ou Survivor… » 

« Master Marine, une entreprise maritime de maintenance appartenant au principal associé de Castrillön, les prend en charge, les carène, les équipe en fonction des voyages à réaliser et, bien entendu, aménage dans leurs coques les compartiments secrets où sera entreposée la drogue (2 tonnes en moyenne par voyage). Master Marine continue à se fournir en pièces d’accastillage auprès des sociétés françaises ; elle importe par exemple un nouveau mât pour le Marfa del Mar, un Marquise 56 de Pajot-Fountain » (un bateau décrit ici comme « vaste come une maison de campagne » flottante !) Castrillon, du Cartel de Cali, sera arrêté dès 1996 au Panama, ainsi que celui qui avait organisé la flotte de voiliers côté US, Manual Rodríguez-López, un mexicain résidant à Harlington au Texas, lié au frères Arrellano-Félix, et qu’il déguisait en bateaux de pêche au thon. L’un de ces bateaux appartenait à l’américain James Gordon Williams, de Jacksonville en Floride, importateur de poisson sous le nom de Carribean Fisheries.

Trois des bateaux de Manual Rodríguez-López, (ici à droite) le Phaedrus, le Dolphin, et le Swiftsure avaient servi à transporter de la drogue (on retrouvera des traces dedans). Mais aussi le Kino, le Sauzal, McMax (le même en effet), le Vizcaíno, le Juliana Maria, ainsi qu’un avion Cessna et un hélicoptère Bell pour compléter le tableau ! L’avion avait été acheté 610 000 dollars en 1996. Bref, l’organisation était déjà gigantesque s’étendant sur plusieurs pays, avec de très gros moyens logistiques à la clé !!! On retient surtout les longues démarches tortueuses des trafiquants pour l’achat de leurs voiliers et leur habilité à dissimuler les noms des véritables propriétaires : une démarche qu’il appliquent aujourd’hui encore de la même façon à leurs aéronefs transporteurs. Et une pratique imitée… par Patrick Postillon comme on va le voir bientôt !

Une enquête qui mène jusqu’aux Balkans, la Mauritanie… et la N’Drangheta

Le trafic est en fait bien plus vaste qu’il ne le montre. L’hélico de Sormani arrêté en Espagne près de Cadix sera suivi d’autres exemplaires (on y viendra bientôt ici, promis, il y en a des dizaines !)) avec la poursuite du trafic, donc, et notamment un crash retentissant d’un hélicoptère plus ancien biturbine, d’origine allemande, un Bolkow Bo 105. Un engin militaire avant tout (et qui a joué dans un film de James Bond, montrant les loopings dont il était capable) ! Avec cet exemplaire on comprend que l’on a bien affaire à un réseau international qui pénètre loin, en Europe, en l’occurence jusque les Balkans.

Un autre crash survenu auparavant, fin mai 2014 avait déjà retenu l’attention des policiers espagnols, mais celui-là il faudra qu’on lui consacre un chapitre particulier. Pour des tas de raisons, que je vous expliquerai bientôt ici, je l’espère. Sachez pour l’instant qu’il s’agissait d’un hélicoptère plus léger, de type Robinson 44, dont le pilote décédé avait été éjecte au fond d’un ravin près de Casares, près de Malaga… en remontant sa piste, les policiers sont allés d’étonnement en étonnement et atterriront même dans un autre pays encore… A gauche ici tout ce qu’il restait de l’hélicoptère qui avait connu la même mésaventure que le Bolkow…

Ils trafiquaient avec des avions également : « en mai 2014, un citoyen italien, Girgio Riformato, a été arrêté après avoir écrasé son avion monomoteur sur la plage de Divjaka, à 50 kilomètres au sud de Tirana. Dans la même zone, la police a également arrêté un Albanais, Saimir Bajramaj, après avoir trouvé 460 kilogrammes de marijuana et 27 000 euros dans son véhicule. » peut-on lire ici

Le 29 janvier 2015, donc c’est au tour d’un hélico (un Bolkow BO-105) bourré de drogue qui avait heurté un pylône en volant de nui en rase-mottes à Cortes de la Frontera à Gaucin (près de Malaga). A droite au fond, le pylône électrique supportant la ligne à haute tension heurtée à pleine vitesse par le Bolkow.

Le pilote décédé, Sokol Feka ici à gauche en uniforme et à droite entouré de rouge devant un Hughes MD 500, dans le régiment d’hélicoptères de la base de Farka), était un ancien pilote de l’armée albanaise.

Un de ses collègues militaires,  Vladimir Ademi.  avec qui il a été en contact en Espagne,aurait lui aussi participé à des vols; selon une enquête menée sur place.

A gauche les paquets de coke débordant des vestiges calclnés de l’appareil, estimés à une tonne au total. Le pilote n’avait eu aucune difficulté à s’adapter à l’engin, puisque ce dernier faisait partie de l’équipement militaire du pays (ici à droite). Les pilotes sont très liés à « leur » machine, en fait ! Comme l’est Christophe Sormani !

Pas que du haschich

Le F-GKMR de retour fraîchement repeint (des ateliers de Héli-Industries, racheté et reloué comme on va le découvrir demain ) avait en effet servi tout simplement de précurseur au Bolkow. Sous la couche de peinture noire, on pouvait encore déceler facilement le jaune d’origine ! De là à imaginer que l’engin avait été rapidement préparé pour de nouvelles aventures, il n’y a qu’un pas ! En prime, l’hélicoptère connaissait déjà la route est-on fort tenté de dire !!! Quant à savoir ce qu’il avait transporté, il ne semble qu’il n’y ait eu que du haschich. Beaucoup trop d’indications et d’indices mènent en effet à la coke. « L’enquête a également pu démontrer que ce réseau avait noué des liens avec la mafia calabraise, la N’drangheta, pour l’approvisionner en cocaïne » a-t-on pu lire alors.

Dans le groupe arrêté et jugé figure en effet Domenico Marasco, 75 ans, décrit comme le fondé du pouvoir de la mafia calabraise, la N’Drangheta, « Condamné par contumace à quinze ans de prison, en 1987, après la saisie de près de 40 kg d’héroïne à Bangkok (Thaïlande), l’homme coulait des jours paisibles dans le petit village de Peillon (Alpes-Maritimes). Il est soupçonné d’avoir tenté d’organiser l’importation de 20 kg de cocaïne depuis Barcelone, via la France, en direction de l’Italie. Au cours de la perquisition à son domicile, les enquêteurs de la PJ de Nice ont notamment découvert un détecteur de balises utilisées par la police en cas de filature et un scanner pour se caler sur les ondes radios des policiers. » Bref, le vieux briscard aux 40 kilos de coke était resté… pleinement opérationnel !

Ramener la poudre restée en rade à Nouadhibou

Lors du procès, on apprendra également que le groupe avait été sollicité  pour trouver une solution au rapatriement de deux tonnes de cocaïne bloquées en Mauritanie !!!  C’est en partie l’affaire du Cessna 441 Conquest (c’est à l’origine le N195FWn dont on a simplement fait passer les filets décoratifs du rouge au bleu) débarqué de nuit à Nouadhibou,

L’avion était effectivement arrivé directement du Vénézuela, via le Brésil, mais son chargement devait être transféré au Maroc, dans deux hélicoptères restés en front de mer, dont un hélicoptère de location français revenant d’une opération humanitaire au Sénégal, le truand français organisateur sur place s’appelant Eric Mika Walter Amegan (ici à gauche).

Un des deux appareils avait été en fait loué par Claude Alezra, chargé de mission au ministère sénégalais de la santé, pour une mission humanitaire ! Claude Alezra, le « conseiller » discret, au rôle trouble dans cette affaire était alors en réalité également le président de la société Jet Azur, installé à l’aéroport de Cannes Mandelieu (on y revient !). Il possédait deux appareils, un AS 350 (Mono-turbine) et un plus gros, un AS 355 (bi-turbines). La société était signalée en redressement judiciaire à partir du 10 mars 2009 sous son nom originel d’Hélistar. 

J’ai rédigé tout un dossier à l’époque pour Cent Papiers à ce sujet à partir de l’article d’Agoravox encore lisible ici. L’arrestation et la fuite (au Maroc) du principal responsable (Sidi Mohamed Ould Haidalla, le fils d’e l’ex-président) avait laissé les hélicos en plan, et leurs pilotes (français) arrêtés laissés dans l’indifférence diplomatique la plus totale (ici à droite l’un d’entre eux, D’où le besoin impérieux de se trouver des remplaçants… à droite un des deux pilotes « coincés » en Mauritanie, J-P Vivenot était un ancien pilote de la gendarmerie (cf ici à droite) !

AAA ?

Autre cas encore de rapatriement de coke à effectuer avec l’aide d’hélicoptères ou d’autres avions (dont un gros Cessna 208 Cargo J5-GAS, ici à droite retrouvé abandonné à Bamako-Sénou,au beau milieu de la base militaire française déployée contre le terrorisme islamiste lors de l’opération Barkhane – mais aussi pour contrer le trafic de drogue nourrissant les islamistes !).

Lorsque le célèbre Boeing 727 de Tarkint est découvert calciné au Mali, fin 2009, ayant apporté plusieurs tonnes de coke et ne pas avoir réussi à redécoller, tout le monde s’était étonné de sa présence, comme de sa découverte tardive (nota : c’est au final le 727-230F ex Swiftair S.A, EC-JHC 21619-1407 devenu par complaisance saoudienne HZ-SNE, on l’avait incendié à tris reprises pour ne laisser aune marque visible !). Son gestionnaire était une entreprise ayant à sa tête un français, Eric Vernet (2), une société dont le siège était à Malaga, depuis 2007, appelée Africa Air Assistance, une subdivision de West African Aviation, une société installée elle aussi au même endroit. Le pont aérien vers l’Espagne avait déjà été construit !

Elle se présente comme sachant réparer plusieurs types d’avions et de moteurs, via un site plutôt indigent sur le net. Le gros Cessna repéré appartenant à Africa Air Assistance, et Vernet lié à un véritable assassin (d’un de ses complices !), un trafiquant de cocaïne, un ancien policier espagnol nommé Miguel Angel Devesa !

Son nom est réapparu récemment, en juin 2022 en Côte D’ivoire dans une filière d’import de cocaïne (2 tonnes (2087 kg) découvertes à Abidjan en avril). Il s »y présentait comme « commerçant en oxygène médical comme en glaces alimentaires, domicilié à San Pedro » !

Avec lui, on retrouvait le même stratagème, plus de dix ans après: « selon ce journal, les enquêtes ont également prouvé que c’est d’Abidjan que des cargaisons (étaient) convoyées dans la ville de San Pedro, « avec la complicité de plusieurs responsables locaux de l’administration et de la sécurité ». Elles étaient ensuite « redistribuées en petits lots avant d’être transportées jusqu’au désert malien ou nigérien, avec le soutien des groupes jihadistes, puis récupérées par voie aérienne », complète Soir Info ».

Ce jour-là, enfin, avait été pris un des principaux organisateurs du trafic venu du Sahel : Devesa était également celui qui avait foncé vers le site de l’atterrissage du Boeing 727 rempli de cocaïne, au volant d’un camion de kérosène, car l’avion était aussi tombé à sec, ce qui avait empêché en partie son redécollage ! Mais de cela, qui s’en souvient, près de 14 ans après ? « Récupérées par voie aérienne » a-t-on pu lire ? Il serait temps de plonger dans les livraisons en Espagne par hélicoptère ! Déjà que je n’ai pas encore terminé le chapitre brésilien ni le bolivien ! Vous attendrez un peu, désolé !

Africa Air Assitance avait pris par exemple sous sa coupe (sans en être propriétaire), en Guinée Bissau, plusieurs appareils (alors que les ateliers de réparations d’AAA se situent à Bamako, au Mali, et à Dakar, au Sénégal), un hélicoptère Ecureuil A350 B2 de 1992, N° 2616, immatriculé J5-GHA (ici à gauche), appartenant à un sénégalais, Bou El Moctar Doukouré, qui n’est autre qu’un ancien commandant de bord d’Air Afrique, fort actif sur le net. 

C’est un hélicoptère venu du grand nord (de chez Helikopter Service AB à Helsingborg en Suède, alias Nordic Rotors où il était LN-OPI en 2001, ici à gauche et aussi YR-COS ainsi que OY-HEL auparavant, ci-contre à droite; dans la même livrée extérieure que les hélicos de Yankee Lima Hélicoptère, qui datent de la même période !). Chez Vernet-AAA, le voilà donc devenu J5-GHA. Le 1 décembre 2020 dans Cent-Papiers, et dans l’épisode « Coke en stock (CCCXVI) : l’implication française et ses conséquences », voici ce que j’avais écris sur la situation :’ le Boeing oublié de Tarkint, dix ans après, c’était la révélation du nouveau chemin choisi par les producteurs colombiens pour envahir le marché européen si prometteur. Leur allié sur place, la ‘Ndrangheta était là pour les accueillir et assouvir tous leurs souhaits. Les deux partis y avaient tout à gagner. Le chemin du Sahel, c’était le palliatif aux efforts européens pour tenter de juguler les arrivages directs par container, dont Anvers était devenu la plaque tournante ».

 « Pour y arriver il avait fallu bâtir toute une structure capable de s’occuper d’au moins deux très gros porteurs, un éclaireur et son doublon de secours, selon un scénario qui a été reconstitué après coup.  Un système qui a dû négocier avec les terroristes sahéliens, ravis d’augmenter ainsi plus que sensiblement leurs revenus pour se procurer de nouvelles armes et des Toyota neuves. La ‘Ndrangheta, de cette manière, restait fidèle à elle-même, celle d’être un groupe lui-même terroriste, opposé à toute idée d’Etat démocratique.’ De ce bilan, je ne retire rien : il s’applque exactement à nôtre cas du jour.

Les rallyes fédérateurs

Et notre notaire dans tout ça ? Eh bien, justement, c’est ce même Sormani , un truand et un flambeur comme on l’a dit, qui nous y conduit, puisque notre homme, trafiquant notoire comme on vient de le voir, va se retrouver à être recruté début 2008 par ce fameux notaire, un emploi véritable dans son officine, aux contours assez spéciaux comme on va le découvrir. Lui, le transporteur de coke et de haschich !

Leur improbable rencontre s’explique par leur passé mutuel. Garagiste à l’Escarène (2500 habitants), comme on l’a vu, présenté aussi comme « le flambeur de la côte », Christophe Sormani était en effet auparavant pilote de rallye, sur BMW M3, plutôt, (comme celle de  Hugues Delage), comme l’a été Patrick Postillon dans sa jeunesse, jusqu’en 2006 au moins, date de sa dernière participation au Rallye Terre des Cardabelles en compagnie de Bruno Cecarreli, les deux sur Mitsubishi Lancer Evo IX (auparavant il pilotait plutôt une Peugeot 206 WRC après avoir couru sur la reine de l’époque, la Subaru Impreza 555, cgf la photo ci-dessous).

Cecarrelli est devenu ensuite médecin, après avoir fait sa thèse, ça ne s’invente pas, sur « La sécurite actuelle en rallye automobile » !!! Le duo Postillon-Cecarelli aura même droit à sa maquette au 1/43eme, consécration suprême, pour leur participation au Rallye de Mont-Carlo en 1995 à bord de leur Ford Cosworth N°43, à l’époque un modèle fort prisé (ici à droite). Notez sur le capot et le pare-brise des 206 WRC de Patrick Postillon les appellations « Haras de Bory » et… « Meca Performance », le nom du garage de Sormani !!! Pour quelqu’un dont Postilllon avait dit seulement vaguement « connaître », lors d’un de ses procès, avouez que c’est un peu fort de café !

Sormani est ici à droite en photo sur Subaru à saint Isidore, avec le dénommé « Mick », ingénieur de chez Motec (un véhicule qui arrache, visiblement, à voir sa position sur la route !). La confrérie des pilotes de rallye est bien représentée dans le milieu, avec Sormani, Barbera… et Patrick Postillon qui les tous croisés un jour sur les circuits (avec aussi Francis Mariani et son Impreza), ou le vétéran Casanova, qu’on ne doit pas oublier au palmarès, lui sur Alpine, ici à gauche !

Le recrutement du premier par Patrick Postillon s’explique ainsi aisément: ils ont usé les mêmes gommes ensemble, sur les mêmes routes ! On les retrouvera aussi sur d’autre rallyes, comme celui autour de Sarlat, dans le Périgord Noir, qui affichera 110 pilotes par exemple en 2016 :

Postillon a fini 2 eme en 1995 du Rallye de Dordogne en 1995, avec comme co-équipière Colette Neri (sur Ford Escort RS Cosworth). Elle est ici à droite, avec comme pilote cette fois Christophe Spiliotis sur Subaru Impreza 555, au Rallye Automobile de Monte-Carlode 1998. La Dordogne, où l’an randonne aussi à cheval, n’était donc pas une territoire inconnu pour Patrick Postillon ! Là-bas c’est plutôt de l’enduro équestre, auquel le haras de Bory s’est mis également ces dernières années...

L’occasion pour Postillon de mettre en valeur ces équipements équestres : « Pendant deux jours, l’élite de l’endurance se retrouve au haras de Bory pour participer à l’une des plus importantes compétitions équestres internationales en France. Cette année, 150 cavaliers s’affrontent dans des courses de 90 à 160 km au c’ur de la forêt de Rambouillet. Habituellement organisée sur l’hippodrome de la Villeneuve, la vingt-huitième édition du Raid Yvelines de l’association Enduro Cheval se tiendra pour la première fois au haras de Bory de la Boissière-École. C’est dans une volonté de redynamiser et valoriser l’image de l’endurance équestre que ce site a été sélectionné pour la qualité de ses terrains propices à l’endurance, pour ses infrastructures équestres de haut niveau et aussi pour son expérience en tant qu’organisateur de compétitions prestigieuses de CSI trois étoiles » nius dit ici l’Echo Républician dans un article sentent fort le publi-reportage. D’iun rallye à l’autre en quelque sorte !

Au ras de l’eau et la vie au ras ds pâquerettes

Sormani, à la vie sentimentale mouvementée, est lui entre temps tombé amoureux d’une prostituée brésilienne, travaillant au Madam’s, le plus grand bordel  ou plus grossièrement  » puticlub « de la Jonquera; Il embarquait régulièrement  les filles dans des tours d’hélicoptère, à ses heures perdues. Il sera en effet arrêté dans un hôtel de Neuilly alors qu’il se trouvait – dixit les enquêteurs – « avec une prostituée brésilienne », en fait son égérie.

Lors de sa déposition (extrait ici à droite) aux policiers, dans laquelle il tentera de faire croire qu’il n’était pas d’accord pour deux voyages supplémentaires, il avouera avoir craint d’avoir été pisté par les radars au sol : il ne s’était pas aperçu que c’était au-dessus de lui que ça s’e’était passé avec l’Awacs ! Ou n’avait pas lu la presse en 2008 !« Je ne voulais pas prendre le risque de recommencer immédiatement car je craignais; de m’être fait repéré par le contrôle aérien. De plus il était convenu avec Karim qu’il n’y ait qu’une seule rotation (…) J’ai refait le plein de l’hélico avec le kérosène de la remorque ». Des aveux circonstanciés qui ne lui ont pas valu de mansuétude particulière lors du verdict rendu le 30 avril 2013 : il avait écopé ce jour-là de 7 ans, la même peine que le niçois Jean-Pierre Allavena, fiché lui au grand banditisme, encore un, qui était alors en récidive ! On n’avait pas affaire à des anges gardiens en effet ! « Dans le garage de ce dernier, les policiers ont mis la main sur une moto et une berline allemande volées, ainsi que sur neuf armes de poing munies de silencieux et deux pistolets mitrailleurs. » Ça ne rigolait pas en effet dans ce milieu. Mais avec les réductions de peine, cela permettait aussi à Sormani d’en finir avec un passé embarrassant et de pouvoir quitter le pays avant la possibilité d’être appelé à nouveau à témoigner contre son ancien employeur, et faire des révélations explosives… à savoir envers Patrick Postillon en personne (à se demander si la longueur de la procédure menant à ce dernier procès n’a pas été dictée que par cette échappatoire bien pratique pour le notaire) ! Le rallyeman avait pris depuis longtemps un fort mauvais virage dans ses affaires, et il allait alors droit au fossé !!!

Bon, tout ça c’est bien joli, vous allez me dire, mais il était passé aux mains de qui exactement cet hélicoptère récidiviste ? Et que est le rapport avec le notaire indélicat, en dehors du fait que son nouveau pilote était son employé à l’époque ? Et l’avion dont on a parlé dans tous les médias, présenté abusivement comme étant un « jet », quelle place a-t-il dans ce scénario ??? Oh là, attendez un peu, on vous a dit que c’est une histoire complexe, et c’est vrai : pour relier tous les éléments entre eux, comme vous l’avait indiqué Marc, il nous a fallu éplucher de longs textes juridiques, ceux portant des formulations tarabiscotées parfois vraiment absconses. Tenez, je vous en donne une en attendant la suite : c’est ainsi que l’on a découvert au milieu de ce fatras la règle juridique du  »nemo auditur propriam turpitudinem allegans« , par exemple, trouvée dans le compte-rendu du 28 juin 2018 du Tribunal de Douai, à propos de l’affaire (car l’hélicoptère était en fait devenu nordiste !) qui signifie en latin que « nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. » Ce qui résume assez bien au final, le comportement surprenant du notaire si sûr de lui, même s’il s’agît d’une autre personne à qui les juges ont infligé cette tirade latine dont ils ont le secret… Rappelons en effet que tout était parti en effet d’une plainte déposée par Patrick Postillon lui-même à l’encontre de ses propres associés, après qu’ils aient eu l’outrecuidance de dénoncer ses détournements financiers, alors que l’office qu’il avait fondé courrait -au grand trot- vers la faillite (3) !!

(1) Le même qui, à peine sorti de prison, a replongé très vite, car il a été retrouvé en effet le 30 août 2016 en Espagne près de Séville, « arrêté au volant d’un camion frigorifique immatriculé au Portugal. Le rescapé de la guerre des gangs – il avait été blessé par balle quelques jours avant le meurtre de son frère Thierry en 2009 – transportait une tonne de haschich ainsi que 104 kilos de marijuana. Dans son appartement près de Malaga où il logeait, la Guardia Civil a trouvé 2 000 euros en liquide et une Renault Clio stationnée dans son garage. » nous dit le point qui ajoute que « la France n’a effectué aucune démarche afin que les autorités espagnoles lui remettent Castola, » alors que la drogue était destinée au marché français et anglais ! Ce qui est pour le moins étrange, avouons-le !

« Pour effectuer l’expédition de drogue de l’Espagne vers le Royaume-Uni, le réseau a créé deux sociétés d’importation et d’exportation de produits à base d’agrumes. La drogue était conditionnée dans une maison située à Alcalá de Guadaíra et ensuite transférée vers deux entrepôts industriels à Los Palacios et Dos Hermanas, à Séville. Là, les trafiquants de drogue s’employaient à introduire des substances narcotiques dans des palettes d’oranges placées dans la partie centrale de la remorque afin que les chiens des unités antidrogue ne puissent pas les détecter. En effet, la Garde civile a assuré que la marchandise n’évoquait pas de soupçons lors de la traversée des différents pays, puisque l’envoi d’oranges était légal et disposait de toutes les autorisations nécessaires. » Des oranges, il y en avait 21 tonnes !

(2) selon Mali Web du 19 juin 2012 « En novembre 2009, un vieux Boeing, dont s’était le dernier voyage, bourré de cocaïne en provenance de Vénézuela, est attendu au nord de Bourem, sur la piste de Tarkint, puis incendié avant qu’un grand nombre de 4×4 s’évaporent dans le désert vers les rives de la méditerranée, par le Niger, le Tchad et l’Égypte, d’où la drogue sera envoyée vers l’Europe(via la Turquie ?). Le pilote français, Eric Vernet, fils de quelqu’un de connu au Mali, sera retrouvé et emprisonné avec deux de ses complices. L’aérodrome de Tarkint n’est pas, comme cela avait été annoncé, une piste clandestine mais bien une piste officielle ! A 70 km au nord de Bourem. Le plan de vol et la demande d’atterrissage avait été demandés officiellement par le représentant de « Go voyage » au Mali. Accusé lui aussi, de complicité. La résine de cannabis venu du Maroc transite aussi par cette région avant d’être acheminée vers le nord et l’Égypte. L’affaire « Air Cocaïne » rebondit. La justice met en cause l’ancienne directrice de l’aviation civile madame Sanogo Tènè Issabré, qui aurait signé un document, contresigné par le ministère de défense, pour autoriser l’atterrissage du Boieng 727. Ce document doit être préparé 72 heures à l’avance. Écrouée trois jours dans les locaux de la sécurité d’État, elle serait soutenue par un ministre qui serait impliqué dans l’affaire. Deux suspects arrêtés, toujours dans le cadre de cette affaire auraient été rendus à la communauté arabe contre la promesse de création de milices pour combattre les groupes armés au nord (source, MNLA) : Le milliardaire Mohamed Ould Awainatt emprisonné pour narcotrafic, a été libéré discrètement, la nuit du 19 janvier avec son chauffeur incarcéré pour complicité ».

3) à l’origine, ce qui nous donne une idée de son caractère irascible c’est lui-même qui avait porté plainte contre eux, alors qu’ils venaient de dénoncer ses détournements flagrants. Tous ne suivront pas cette voie certains s’embarquant eux-mêmes dans ces pratiques, ainsi une associée, mise en cause également dans l’affaire.