Coke en stock CDXXV (425): un cas emblématique (f) !

Nous continuons notre état des lieux au Paraguay, ce qui nous mène aussi on l’a vu à l’Argentine, le flux vers le Brésil s’étant divisé il a plusieurs années déjà : à Santa Fe, cela fait plus de quinze ans aujourd’hui que ça dure, ce qui rend Rosario, sur le chemin de la descente vers Buenos Aires, si dangereux. Là où il y a de la coke, il y a des armes et on s’entretue facilement pour entrer en sa possession. Cette fois-ci, en novembre 2023, ce sont deux hangars qui vont nous intéresser et nous tenir en haleine quelques semaines, le temps de découvrir qui est le principal responsable là-bas du trafic. Il est très étonnant comme vous allez l’apprendre… dans quelques épisodes, un peu de patience…

Quand le rock-n’roll mène à la cocaïne...

Oh, vous allez me dire, le rock, cette contre-culure, à l’origine, on le sait ça, ça fait même partie intégrante du principe à constater le nombre d’artistes décédés d’overdose… (on réécoute un de mes préférés, tiens) ou les multiples chansons y référant ! (Allez on en rajoute avec le créateur original ou en prime les deux ensemble, on savoure !); Mais cette fois on en a la preuve vivante, avec cette incroyable histoire venue du pays de l’autre talentueux je veux parler de Lionel Messi bien sûr. En Argentine donc, dont je vous avais tenu en haleine cet été avec un autre feuilleton, celui du Cessna bolivien CP-3123 retrouvé retourné, souvenez-vous; dans le Chaco (ici à droite).

Le 18 novembre on fait donc un détour jusque l’Argentine, direction cette fois un petit hangar isolé de Campo Timbó de Oliveros (ici à droite, on y va aussi en air’b n' »‘b !). En fait le résultat d’une longue traque racontée ici : »après une enquête « de trois ans qui a consisté à surveiller et écouter cinquante lignes de téléphones portables et qui a débuté le 24 août 2020, lorsque les gendarmes ont lancé une course-poursuite contre six personnes qui se trouvaient dans deux camions en attendant le débarquement d’une cargaison. .de drogue depuis un petit avion dans un champ à Cañada de Gómez (…) Avec la découverte de ce nouvel hangar, c’est un peu l’histoire du 30 septembre 2021 qui se répète en effet… (notre épisode précédent !).

Au dehors, du hangar, on sortira parfois un bimoteur, de type Beechcraft qui semblait tenir une immatriculation en « LV…quelque chose » dont un W à la fin. la photo lointaine provenant de la surveillance de la police !!!

Un endroit où on le verra pointer parfois le bout du nez, dans le hangar portes ouvertes, un avion qui, chose rare sur ce modèle, présente un cône radar arrondi noir… l’engin était en effet suivi par la police, depuis un bon laps de temps, signe qu’il appartenait à une grosse organisation : le temps d’édifier tout un dossier qui ici à pris au final trois longues années ! Car on est tombés sur du gros gibier, comme vous allez le voir ! Etude « rock’n’roll » de l’affaire, donc…

A la recherche des bombardiers…

Revenons à notre poursuite de l’été 2020: « l’un des 4X4 s’est renversé (ici à gauche) et deux des occupants sont morts, identifiés comme étant les cousins ​​​​Mauricio et Alejandro Santos. À son tour, le troisième occupant, neveu de ce dernier et identifié comme Maximiliano Martínez, a été grièvement blessé et admis à l’hôpital d’urgence (Heca) », dans cette affaire ».

« Les policiers avaient saisi trois téléphones portables dans le camion, les enquêteurs ont identifié des contacts et demandé des écoutes téléphoniques qui leur ont permis de dresser l’organigramme du gang dont la particularité est de he pas s’impliquer dans le trafic de drogue avec pour conséquence des conflits de sang et de plomb sur le territoire mais de l’être plutôt en tant que fournisseurs de drogue. » Voici en effet ce qui alimente Rosario, ville de tous les dangers, aujourd’hui, en Argentine ! En somme, c’étaient de simples transporteurs, ceux-là ! Et en même temps donc… des bombardiers !

Et en effet, car la poursuite est déjà le fruit d’une intense recherche policière pour dénicher qui donc depuis des années « bombarde » allègrement des champs dans le Chaco, de gros sacs de toile lestés de cocaïne.

Des avions plutôt furtifs, type Cessna, ou Piper, qui volent très bas et disparaissent aussitôt vers des lieux inconnus, laissant derrière ceci par exemple (ici en juillet 2017 près de Santiago del Estero, De quoi remplir tout un pick-up de coke ! Soit 1.838 kilos de cocaína dans la localité de Los Pirpintos, exactement, Des bombardements de coke qui ont même été filmés, comme ici en 2016 filmé au-dessus de  Puerto Yeruá, dans le département de Concordia, à Entre Ríos.

En somme, ça durait depuis un certain temps et nul ne savait comment lutter contre le fléau. Et le poids de coke largués ne faisaient que croître… C’était déjà une vieille histoire, car ici le journal de l’émission Policiales de TN.com a retrouvé le tout premier avion (un Piper Aztec) chargé de cocaïne (ici à gauche encevêtrée dans les restes de l’avion)qui s’était écrasé le 19 septembre 1987, sur le mont d’El Morro, à 3700 m d’altitude, près de la frontière avec le Chili, à San Antonio de Los Cobres exactement (l’ouest de la province de Salta,en Argentine donc). Dedans; on avait retrouvé de la cocaïne, beaucoup de cocaïne… et quatre cadavres.

L’avion était piloté par un autre phénomène encore, devenu une sorte de dandy, un ex coureur automobile brésilien fort réputé dans sa jeunesse, appelé Roberto Magalhes Gallucci, ayant glissé ensuite sur la pente e la délinquance. Armé, il n’hésitait pas à tirer, ayant sur le dos un meurtre en 1985 et s’en étant sorti en lâchant le lot à la police. Selon Clarin, en effet, »des informations de l’époque indiquaient également que la peine du pilote automobile avait été réduite pour avoir collaboré à des informations sur Auguste Josep Ricord, un puissant trafiquant de drogue français installé au Paraguay, alors sous la dictature d’Alfredo Stroessner Matiauda. »

Et pour sûr: « selon les informations, dès sa libération, le célèbre pilote qui aurait été transporteur d’héroïne dans les années 60 pour la mafia cors, a retrouvé du travail dans le même domaine et a continué à relier le Paraguay à Miami via des escales techniques incluant le nord de l’Argentine. Cette fois, avec de la cocaïne à bord, comme a pu le démontrer son dernier vol. » Une découverte surprenante, car dans l’avion il y avait aussi, décédée, l’épouse du pilote, ,Aparecida Cristina Do Rego, tous deux originaires du Brésil, plus deux amis du Paraguay : Martha Irene Fragaud de Rodrígues et Aurecmar Rodrígues Colman. « Une femme qui était liée de facto à des membres du gouvernement ».

L’avion était immatriculé PT-CHK. et il contenait 202,730 kilos de coke, un sacré record pour l’époque (et surtout amené à cette altitude avec les 4 passagers !). A gauche, le Piper Aztec PT-KIO intercepté dans un trafic de drogue le 20 août 1996 à Belem et abandonné depuis sur place. De l’influence du climat tropical, pourrait-on dire…

Et l’étonnant article de conclure : « le crash du bimoteur a également révélé les liens entre le crime organisé et les plus hauts niveaux du pouvoir politique local, un lien qui n’a jamais pu être prouvé dans les archives judiciaires, mais qui a été très commenté à l’époque et l’est toujours.Enfin, Bavio a critiqué l’État pour ne pas avoir « entendu une alarme aussi stridente », antécédent du mode opératoire devenu favori des trafiquants de drogue qui continuent de bombarder les champs de cocaïne du pays ». Déjà, en 1987 !!!

On revient en Argentine, avec un autre avion plus petit. Bizarrement, c’est en effet ce surprenant petit appareil, rarement rencontré au long des épisodes, qui va nous mener à toute une filière. Le 26 avril 2021 sur Cent Papiers, j’avais rédigé l’épisode Coke en stock (CCCXXXIV-334) ainsi intitulé : « A Santa Fe, en Argentine, ça fait 15 ans que ça dure ». Je m’étais appuyé sur un article d’Ignacio Mendoza dans Aire Digital qui était sans ambiguïté, avais-je souligné : « depuis au moins quinze ans, le sombre complot des vols clandestins de trafic de drogue se répète à plusieurs reprises dans tout le centre et le nord de la province. Le dernier cas est celui mené par Juan Adrián Fleitas González, le 22 février (2020) sur une route rurale du département de San Justo à plus de cent kilomètres de la ville de Santa Fe ». Bref, l’appareil était inhabituel, mais le trafic.. constant !

« Ce jour-là, le Paraguayen nationalisé argentin a écrasé l’avion Cherokee 140, (PA-28) immatriculé ZP-X060 dans lequel on soupçonne qu’il a transféré 200 kilos de marijuana du Paraguay, qu’il a ensuite transportés avec l’aide d’un ancien policier dans la capitale provinciale » l’article de Mendoza mettait l’accent sur la provenance de la drogue : le Paraguay, pays-relais de la drogue andine, dont l’importance expliquée ici en détail voici deux ans n’a cessé de s’accentuer…. Le Paraguay est producteur de marijuana et le chargement de 200 kg à bord (disparu) en était, mais dans le petit avion avait été aussi détecté via la micro-aspiration qu’il avait aussi transporté de la cocaïne. Et qu’il s’activait beaucoup, entre les frontières, ce vieux coucou ! Les avions étant chargés alternativement en coke ou en haschich !

A l’époque, on avait déjà constaté ceci (dans La Nacion) : « une organisation de drogue accusée d’avoir transporté de la cocaïne en Argentine à bord de petits avions en provenance du Paraguay était à la tête d’un réseau de blanchiment d’argent qui utilisait la création de sociétés par actions simplifiées (SAS), un outil visant à faciliter la création d’entreprises pour les entrepreneurs. avec moins d’obstacles bureaucratiques. Ce gang a enregistré les entreprises dans la ville autonome de Buenos Aires et a ensuite vendu des factures de services inexistants pour plus de 730 000 000 de pesos dans plusieurs provinces, dont Santa Fe, Córdoba, Tucumán et Buenos Aires ». Le coup ds fausses entreprises, pour y domicilier de vrais avions… portant des fausses immatriculations !

Le petit avion  » de collection » (il datait il est vrai de 1967 !) retrouvé coincé dans barbelés avait été acheté à peine plus de 50 000 dollars (cf ci-dessus), mis en vente sur le site Clasipar, du type « Le Bon Coin » paraguayen !! L’appareil, de petite taille, une fois saisi, sera emmené par la route juché sur un camion plateau réquisitionné.(ici à droite)..En fait, à bien y regarder, ce petit avion n’ayant coûté qu’une bouchée de pain et porteur de haschich va conduire à faire condamner tout unnorme réseau de cocaïne ! Comme quoi, le hasard parfois… j’avais bien fait de m’y intéresser, à ce mignon petit appareil ! Ça me changeait des centaines des modèles Cessna qui défilent ici au long de cette interminable série !

Car l’enquête a vite avancé dans cette affaire, et deux hommes arrêtés ont été placés en détention préventive, dont le pilote, qui s’appelle Juan Adrián Fleitas González (il a été arrêté à Gobernador Crespo quelques heures après l’atterrissage de l’avion). Il est de nationalité paraguayenne au départ, mais résidait en Argentine (et naturalisé depuis), dans la ville de Lanús, près de Buenos Aires, et plus inquiétant pour sûr avec lui un ancien agent de la police de Santa Fe, identifié comme Carlos Alberto « Pipi » Maldonado, dont on informe également qu’il a été impliqué dans une autre affaire de drogue précédente dans le quartier de Yapeyú (Córdoba) en 2021. Pas très malin, Juan Adrián Fleitas González s’était filmé lui même en selfie, tirant la langue de défit et de satisfaction, dans l’avion (ici à gauche), avec derrière lui les pains de marijuana jusqu’au plafond, bien visibles ! !!! Difficile de faire plus crétin ! Les policiers n’avaient eu qu’à lire son téléphone portable pour le coincer (rappelons ici que ce que vous voyez en présentation du site est aussi un selfie de trafiquant débarqué avec son Gulfstream en plein Apure, au Venezuela ! « Les emmerdes ça vole en escadrille« , avait un jour dit Jacques Chirac reprenant du Audiard (la citation d »origine étant « les cons c’est comme les emmerdes, ça vole toujours en escadrille« …). C’était une escadrille à lui tout seul, le Gonzalez !

Plus parmi les gens mis sous menottes un couple, (ici à droite) Claudio Andrés « La Pulga » Casco et sa compagne Lorena Guadalupe Melgarejo,,, que le procureur Rodríguez accuse d’avoir effectué des « actes préparatoires au délit de trafic de drogue ». Les deux (ici à droite), qui traînaient derrière eux de lourds dossiers de trafiquants vieux de vingt ans, avaient pris la fuite depuis la découverte un mandat d’arrêt aux fesses. Ils avaient vite compris qu’i’il leur fallait prendre le large au pus vite et avaient en effet pris la tangente, leurs copains arrêtés !!! Plus l’information vitale arrivée plus tard comme quoi « le vol de l’avion narco qui s’est écrasé à San Justo avait été alerté par la DEA Fait frappant, en effet, l’affaire a révélé que l’organisme US avait suivi le le vol de l’avion et avait alerté les argentins de sa venue. « La Drug Control Administration est l’agence du ministère de la Justice des États-Unis) qui a informé le ministre de la Sécurité de Santa Fe, Marcelo Sain, de l’entrée dans le pays d’un petit avion censé être destiné à Santa Fe« . C’est de là bien sûr que le fil se déroule.. jusque notre hangar de Campo Timbó : la DEA ne s’intéresse pas aux fifrelins, mais plutôt au gros gibier, comme celui décrit ici à la reprise de ce blog. il y a un peu plus d’un an, on risque fort de le recroiser dans les épisodes à venir !

La DEA ne se dérange pas pour rien, on se doute alors que c’est toute l’histoire qui précède qu’elle cherche à élucider. Entre temps, le détenu hospitalisé Maximiliano Martínez, et les trois téléphones portables saisis dans le SUV retourné ont permis d’élaborer une partie de l’organigramme de ce qui bien une très grosse organisation : on a en effet trouvé dedans les noms des villes de Rosario, Roldán, Funes, Cañada de Gómez, Carrizales, Álvarez et Venado Tuerto comme centres d’arrivée et de distribution de la coke (on va visiter ces endroits, rassurez-vous) ! Un autre engin a également parlé : le petit avion crashé voyageait beaucoup pour son âge  : selon son GPS, il avait en effet auparavant effectué des voyages en Uruguay et au Brésil ! J’avais précisé cela pendant la pandémie, dans le « Coke en stock (CCXCVIII- 298) : d’autres surprises encore » paru le12 août 2020. Et des surprises, il y en a eues, comme celle-ci !

Un système de corruption policière derrière le trafic

Le 7 juillet 2022, après donc deux ans et demi de traque, ça sonne le glas définitif pour l’équipe avec l’arrestation dans un petit hôtel Alfil de Resistencia, dans le Chaco, à Santa María de Oro. Tout s’écroule, et on se demande toujours comment ils ont pu survivre aussi longtemps sans se faire attraper avec la DEA à leurs trousses, et on va enfin le comprendre, grâce au journal Infobae, toujours bien renseigné. «  Asco et Melgarejo avaient un dossier sérieux, du moins sur le papier. En février de la même année, ils avaient créé une société dédiée au secteur du terrain, Melcas SRL, une coquille sans CUIT. (Clave Única de Identificación Tributaria : le code à 11 chiffres avec lequel l’AFIP – Administración Federal de Ingresos Públicos- identifie les travailleurs indépendants, les entreprises et les sociétés argentines). « Ce mois-là, selon le Journal officiel de Santa Fe, Melgarejo a intégré deux autres entreprises du secteur créées à l’époque, dont une entreprise d’élevage. Le reste était de l’histoire ancienne »… Ils étaient en tout cas toujours dans le business !

Et le site de continuer sur leurs soutiens, justement : « El Pulga » Casco était un trafiquant de drogue bien connu, ayant un siège et du pouvoir dans la capitale Santa Fe. En mars 2021, « Lechuga » Lepwalts, l’ancien chef déchu de la délégation du PFA dans la capitale provinciale, a été jugé pour corruption et collusion avec des trafiquants, dont « El Pulga », lié à trois officiers de sa brigade ». Des policiers, corrompus !

« Bien sûr qu’on se doutait qu’ils bénéficiaient d’une protection policière et judiciaire », confie un homme important lié à leur cause ». Ah, on comprend mieux… la corruption, deuxième moteur du trafic ! Marcelo Octavio Lepwalts, (ici à gauche) chef de la  Policía Federal à Santa Fe, mis sur écoute par un juge, avait été depuis en effet piégé par ses conversations téléphoniques, dont celles avec le principal protecteur des trafiquants, le commissaire fédéral Mariano Ezequiel Valdés, son propre adjoint (ici à droite)., Ils avaient évoqué notamment ensemble l’attaque contre le Roxana González, du parti Colorado première femme maire de Salto travaillant depuis à la Municipalité de Cerro Largo, une attaque perpétrée par deux hommes habillés en policiers. L’ancienne élue (décédée le 17avril 2022) avait été attachée avec des menottes de police, à la rampe d’un escalier intérieur pendant que les délinquants tentaient de forcer le coffre fort de la mairie… La violence endémique qui gangrénait Rosario était bien dû à la cocaïne et son trafic ! Le but visé ce jour-là étant davantage de faire peur que l’argent espéré !

La petite voiture qui attendait l’avion, et qui avait emmené la marijuana (son coffre plein ici à droite), une petite Fiat Palio, avait ensuite mené à un autre contact; « Grâce aux témoins qui les ont vu passer et à une série de caméras de sécurité, l’enquête a déduit que le pilote et le conducteur du Palio ont voyagé avec la cargaison depuis Naré, par la route 2, jusqu’à Campo Andino et ensuite à Laguna Paiva, où se déroule une autre étape du voyage. complot de drogue.En arrivant à la ville ferroviaire, la Fiat Palio s’est dirigée vers une maison blanche, non peinte, dotée d’un portail en métal gris. Là, ils ont attendu l’arrivée d’un certain « Claudio », que les enquêteurs ont identifié comme étant « Flea » Casco. Ensuite, les trois se sont dirigés vers Santa Fe. Le pilote et ce « Claudio » à bord d’une Ford Focus rouge (ci-dessous à gaucge) qui était devant et le conducteur du Palio quelques mètres derrière. Cette séquence a été captée par des caméras dans la zone de Laguna Paiva et par le Centre de Surveillance de la ville de Santa Fe » (…) »

« Les caméras de sécurité de Campo Andino, Santa Fe et Laguna Paiva ont enregistré le mouvement des véhicules. Laguna Paiva était le lieu de résidence de Maldonado, et les accusés s’y sont rendus avant le dernier voyage vers Santa Fe, vers la maison de Casco et Melgarejo. Dans cette maison du Pasaje Romero, bien que le stupéfiant en question n’ait pas été retrouvé, des objets couramment utilisés pour son fractionnement et son conditionnement ont été saisis, tels qu’un mixeur, une balance numérique et un grand nombre d’élastiques. » Les policiers avaient ainsi découvert le gang… qui ne faisait pas que dans le hasch, loin s’en faut !

Un premier vieux coucou capturé (abîmé) dans son nid

Restent à coincer les autres s vecteurs des apports de drogue, à savoir des avions, et pourquoi pas aussi le chef des chefs au-dessus de tout ça, qui, vous allez le voir cachait bien son jeu avec deux belles façades, dont une liée bien sûr à un terrain d’atterrissage :. surprise celui-ci n’a rien de caché ! Au final, en tout cas, toujours aidés par la DEA, les policiers argentins ont réussi à remonter la filière et finissent donc en novembre 2023 par remonter jusqu’au hangar contenant deux avions Beechcraft Baron et un autre lieu contenant un Cessna, encore dépourvu ce moteur et de son train avant, son hélice récente déposée. Quels coups de marteau et un peu de fer à souder et il devait bientôt repartir , ce vétéran increvable !

C’est le plus facilement identifiable; il; semble, à première vue, car un cliché pris de trois-quarts révèle son immatriculation… argentine.

Ce serait donc le LV-ISP; (N° de série 210-58758) en fait et se serait donc un vétéran, comme on l’a dit, du ciel argentin, un modèle  Cessna 210F Centurion;, à savoir à « bulbe » avant pour contenir un train. problématique car hydraulique. (mais pas de portes de train principal, bizarre). A gauche ici dans les années 70 ! Or problème : l’appareil montré, visiblement en mauvais état, n’a pas de bulbe avant et encore mois de haubans ni de portes de train: c’est plutôt un modèle 210 ! Son immatriculation est donc fausse ! Impossible, à ce jour, de retrouver lequel est-ce. Enfin, on ne désespère pas, il y a des marques dessus encore…

Des liens historiques avec… les narcos mexicains, le coup des bobines

C’était en effet de la vieille histoire, tout cela. Et un réseau bien plus tentaculaire encore, mêlant le Chili et le Mexique et une des plus grosses saisies jamais faites dans le pays (et une des plus spectaculaires vu la méthode employée)….

En 2017, on avait déjà pincé son collègue, le vieux Cessna LV-GKL (ici à droite), appartenant à l’aéroclub de Resistencia, dans le Chaco. il était lié à la découverte de du gang qui sec cachait près de deux tonnes de cocaïne dans des bobines d’acier et des sacs de pierres ! J’ai traité l’affaire ici dans l »épisode Coke en Stock (CCXXXIII – 233) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (59) paru en octobre 2018.. Il y a cinq ans déjà, le temps passe vite !.

« Le propriétaire de l’avion, Alberto Javier Busciglio, 56 ans, (ici à gauche) est accusé d’être le leader de l’organisation et le responsable de l’acquisition des bobines d’acier spécialement fabriquées pour que les scanners ne détectent pas la drogue « 

« De plus, l’homme, originaire de la province de Chaco, est propriétaire d’un hébergement à Resistencia, un lieu également enregistré ».

Au passage avaient été arrêts deux Mexicains d’un cartel du Michoacán, deux autres étant en fuite. Alberto Busciglio, l’homme d’affaires de Resistencia, était accusé d’être l’acheteur des bobines par l’intermédiaire de sa société El Aguila SRL. Rodrigo Naged Ramírez, un Colombien de 58 ans (ici à gauche) mais avec un passeport mexicain, aurait été chargé de payer les bobines pour un prix de 300 mille dollars. Mexique, Colombie : un réseau fondamentalement international !

« Pour les enquêteurs, les Mexicains opèrent dans notre pays depuis 2015 et acquéraient diverses entreprises situées dans des points géographiques stratégiques, en s’associant à des experts argentins en droit et en code des douanes. » on revient au même problème en effet. Ici l’avion avait été vendu par Cambium International Inc de Cary, en Caroline du Nord, une entreprise de bois et de charpentes.

 Sur le cliché de leur site on peut s’apercevoir qu’il portait déjà la même livrée à deux bandes couleur bleutée d’origine : manifestement il n’est pas passé par l’atelier de peinture, à son arrivée en Argentine. il résidait à l’aéroclub du Chaco (ici à droite).

Il s’est avéré que parmi les Argentins arrêtés lors de l’opération menée se trouve le président de la Chambre de commerce extérieur de Bahía Blanca, Damián Limansky (ci-dessous à droite). On estime que le montant total des drogues saisies sur le marché illégal est évalué à 60 millions de dollars et que leur destination potentielle était la ville de Barcelone, même si le Canada n’a pas non plus été exclu.,« Les enquêteurs soupçonnent que la drogue est entrée à Mendoza via le Chili et que de là, elle a été distribuée dans différentes villes, puis il a été évalué si elle avait été transportée par voie maritime via le port de Bahía Blanca, Campana ou Buenos Aires ».

Le rôle trouble de l’élu (ici à droite) avait été ainsi décrit : « comme les frères Leandro, Gastón et Juan Ignacio Guasch, propriétaires de l’entreprise locale Guasch SRL, il est prouvé que Limanski entretenait des relations avec les Mexicains soupçonnés d’avoir organisé la manœuvre et intégré un cartel de trafic de drogue basé dans ce pays. Les quatre, certains comme hommes d’affaires et l’autre comme répartiteur, menaient des opérations commerciales avec la société Can Trade Connection, dont le siège est au Canada, et désormais soupçonnée d’être une façade pour cacher des opérations internationales de drogue. Initialement, les opérations d’importation et d’exportation de bobines en 2016 étaient réalisées dans un cadre légal. Puis, en janvier de cette année, les Mexicains ont proposé une autre opération mais ont demandé aux Guasch d’utiliser un entrepôt sur leur propriété de la rue Indio, tout en exigeant comme conditions de travailler la nuit, sans caméras de surveillance ni personnel de l’entreprise. Les Guasch ont rejeté la proposition, ont exigé que l’activité soit blanchie et, n’ayant pas reçu de réponse positive, ils ont interrompu la relation. Limanski, selon l’enquête, a tenté de maintenir le lien avec les Mexicains, auxquels il a rendu visite à l’hôtel Argos pour tenter d’éviter que les relations commerciales ne s’effondrent. » Ce qui ne pas empêché d’être libéré le 28 novembre 2017, hélas… La drogue, une fois emmenée, prenait le plus souvent la route, sur des camions, direction le sud et rejoindre… Buenos Aires (encore un petit millier de km à parcourir : la piste de la drogue chilienne est longue !).:

Ci-dessus le trajet terrestre de la drogue de Mendoza à Jacinto Arauz. L’un des frères Guasch dirigeait aussi Minerales Aconcagua, créée en 2014 par Marcelo Rafael y Darío Maximiliano Cuello. Marcelo et Darío Culleo, deux frères qui étaient eux aussi en contact téléphonique avec les mexicains ! 

« Le déroulement de l’enquête a permis de localiser à Mendoza une famille dédiée au secteur des pierres et des marbres qui, financée par ce groupe de citoyens mexicains et utilisant ses activités illicites comme écran, achetait de grandes quantités de pierres de quartz qu’elle stockait dans différents entrepôts, où était stockée la cocaïne (…) « 

« Ce lundi, et après l’annonce des perquisitions, la ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, (devenue la co-listière du démentiel Milei) a admis que la DEA avait collaboré aux opérations, tout en soulignant que des informations avaient été fournies à cette agence anti-drogue sur deux expéditions qui avaient quitté les ports mexicains et se dirigeaient vers le Canada. » Le petit Cessna saisi n’avait pas encore fini sa carrière : il avait rejoint le circuit civil habituel, après sa confiscation : en août 2018 on l’avait retrouvé à Posadas, décoré d’une superbe image de Jaguar, siglé en effet Yaguarete, puis redevenu tout blanc en 2020 dans un hangar de l’aviation de Mendoza... un autre Yagarete de Airberá Taxi Aéreo apparait aussi, le LV-IWG : c’est l’ancien  A2-FOX, de Wilderness Air Botswana ! Il vient de loin celui-là ! Airbera, à Las Palmas, elle affichant un Capybara avec son LV-JKL ou un fourmilier géant sauvage Yurumi sur son LV-IWD. Des avions faisant la pub pour la faune argentine, en quelque sorte !

Un réseau de dette taille ne disparait pas du jour au lendemain, avec la simple incarcération de ses chefs c’est ce que craignait la DEA et la saisie des deux hangars en fin d’année 2023 ravivait ses craintes ; la route de la coke descendait bien vers Buenos Aires, par route… ou par avion, via le Chaco, l’épisode de cet été (ici à gauche) encore le montrant avec brio !

Quand à l’origine de la drogue, si ici on cite le Pérou, mais on n’oublie pas la provenance bolivienne, et l’on a comme transporteur un ancien résidant bolivien en fuite, d’origine… uruguayenne, celui qui nous a tenu en haleine l’été dernier, souvenez-vous : Sebastian Marset ! En mars dernier, le président depuis 2020 de l’Uruguay, Luis Lacalle Pou, (ici à droite) dont le propre père, Luis Alberto Lacalle, qui a été aussi président de l’Uruguay de 1990 à 1995, a botté visiblement en touche avec une déclaration explosive à son sujet : pour lui le trafiquant, un « gros poisson » serait toujours en Bolivie…. provoquant la réaction immédiate des autorités du pays ! Sa déclaration exacte rejetant la faute sur tout le monde… sauf l’Uruguay : « les « vrais propriétaires de la drogue » ne sont pas des Uruguayens et que « les gros poissons sont en Colombie, au Paraguay, en Bolivie, en Europe »« ….

En novembre 2023, iil avait dû démettre pourtant deux de ses ministres et pas des moindres (celui de l’Intérieur Luis Alberto Heber et son vice ministre Guillermo Maciel, ensemble ici à droite) après la remise d’un passeport. en novembre 2021… au trafiquant Sebastian Marset (alors que ce dernier était emprisonné à Dubaï où il s’était réfugié) !

Juste avant la délivrance du passeport,  le numéro deux du ministère de l’Intérieur, Guillermo Maciel, avait pourtant qualifié Marset de « narco très dangereux et important ». Marset (Cabrera) est à ce jour toujours en fuite… le 26 novembre 2023, il avait commis une énième provocation en apparaissant dans une émission de télé sur CH4 la TV uruguayenne (dans l’émission « Cara a Cara ») !!! En réalité, Marset était implanté depuis plus longtemps qu’on ne pense dans ce trafic multinational et on va donc le recroiser très bientôt, à coup sûr, lui aussi dans notre étude de hangar… l’enquête avance toujours, le concernant, on vient de décrypter ses messages téléphoniques… grâce à la collaboration de la police française ! Des messages sous Sky ECC évoquant les personnes citées dans l’opération Turf révélée en février 2022, impliquant le brésilien  Marcus Vinicius Espíndola Marques de Padua (et Sergio Roberto de Carvalho), celle illustrée par cette infographie fort parlante (direction Valence ou Barcelone !) :

Bon, ce n’est pas de tout ça, de parler des caïds en duite, mais nous reste deux « Barons » à trouver(ceux dans le hangar investi par la police argentine il y a 6 mois seulement : car il n’en en pas qu’un, mais deux, dont un avec un livrée rouge bien reconnaissable, à croire que les trafiquants étaient tellement sûrs d’eu qu’ils pouvaient se balader dans un tel engin pour VIPs , visible de loin:

Ça sera pour demain, vous le voulez bien ; le rock’n’roll promis attendra un peu…

Une réflexion au sujet de « Coke en stock CDXXV (425): un cas emblématique (f) ! »

  1. Ping : Le dernier COKE en STOCK est paru | AVISEUR INTERNATIONAL

Les commentaires sont fermés.