Coke en stock CDXXVI (426): un cas emblématique (g) !

Aujourd’hui je vous propose de découvrir une des plus belles façades jamais mise en place pour dissimuler un trafic de cocaïne : un parc de loisirs familial, un décor assez étonnant, je vous l’avoue, dans lequel venaient se poser régulièrement les deux avions que vous avez découvert hier dans l’épisode précédent. Deux Beechcraft Baron, dont un fort voyant, preuve que les trafiquants se sentaient très sûrs d’eux pour véhiculer la drogue dans pareil carrosse volant aussi rutilant !!! On avait affaire en effet à des gens très organisés, comme on va le voir, faisant partie d’un réseau obligatoirement international, la cocaïne issue de Bolivie descendant grâce à eux vers l’Argentine pour atteindre la côte Atlantique et prendre ensuite un cargo, dissimulée dans un container, direction l’Europe…

Deux Beech à retrouver

Vous avais promis dans l »épisode précédent. Rappelons leur découverte, le 18 novembre 2023 en Argentine:

Nous avons vu précédemment le contenu du hangar, premier cité, nous voici dans le second avec un appareil à gauche plutôt voyant, (cf la saisie ci-dessus avec quatre arrestations sur place de mécanos et de pilotes), cela s’avère en effet facile pour les reconnaître, pour l’un des deux Beechcraft notamment, et un peu plus ardu pour l’autre. Mais en fouinant un peu… bien aidé par les sites de fanatiques d’aviation ou les spotteurs que l’on ne remerciera jamais assez ici, on finit par trouver, au final…

Pour le premier, c’est sur YouTube, pour une fois, que l’on dégotte notre modèle. filmé longuement au décollage sur la piste de l’aéoclub Coronel Olmedo, le 20 novembre 2017, avec ce qui est bien la même robe, blanche à filets noirs s’élargissant vers l’arrière, le dessous entièrement rouge.

C’est bien le LV-LCE, il n’y a pas de doute possible, le Beech Baron 58P TJ-143, ex N132MM d’Aerocraft International Inc. Doral (FLoride) qui l’a exporté le 13 octobre 2010 en Argentine. Quand on le saisit, cela fait donc plus d’une dizaine d’années qu’il est argentin, et peut-être bien aussi qu’il trafique !

Voici pour le premier. En 2011 déjà il portait la même robe et n’en a donc pas changé depuis 13 ans. Il est ci à droite à Cordoba le 15 mars 2015 : un bien bel appareil âgé aujourd’hui de 46 ans ! un engin de ce type et de cet âge vaut environ 350 000 dollars (neuf, car il est toujours produit par Textron;il est aux envions du million de dollars et coûte 1000 euros l’heure de vol). Et on se demande toujours pourquoi avoir choisi un avion aussi repérable comme transporteur de cocaïne ! Le meilleur moyen de passer inaperçu, remarquez, c’est peut-être bien celui-là : passer pour un avion ordinaire du parc argentin !!!

Pour le second vu légèrement de côté lors de l’annonce de sa découverte c’est un peu plus ardu, en effet. Il a bien gardé une robe ancienne des années 60 et des tons marrons, à le mode alors,de la même époque. plus compliqué car il n’existe… qu’un seul cliché révélant son immatriculation, fait devant un hangar moins isolé que celui montré précédemment. Une image rare, noyée dans le fantastique fond d’illustrations sur l’aviation Argentine, une vraie mine, collectée par le pseudonyme Toda la Aviacion (c’est noyé dans les centaines de clichés !). Une seconde est aussi dégottée dans la foulée…

On le trouve plus facilement à l’intérieur d’une subdivision dédiée aux seuls Beecchrafts Baron,visible ici..profitez-en, et savourez, c’est le résultat de dizaines d’heures de recherche ! En revanche, son immatriculation révélée LV-FKW ne mène hélas à rien de répertorié. Dommage ! Le fait d »être doté d’un radôme noir pourtant fort peu fréquent, ne nous aide pas davantage, hélas. Il dissimule on le sait le petit radar de l’appareil (ici à droite)

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La seule piste sérieuse que l’on possède sur ce modèle est celle du retrait par la gendarmerie argentine d’un adhésif de drapeau argentin resté sur l’appareil (ici à gauche) : une fois arraché il révèle que sous c’était un drapeau bolivien qui avait été peint (ici à droite) ! L’immatriculation serait donc bien fantaisiste !

Il existe bien quelques Beech Baron boliviens à radôme noir, mais plus petit, ce sont ceux… de l’armée avec le TJ-316 pris ici en photo en….1996 (mais en 2013 il l’avait déjà perdu). L’avion est on le rappelle pressurisé. Le CX-DOL uruguayen possède des couleurs semblables et un petit drapeau du pays mais implanté différemment On l’a photographié en Argentine en 2009 et 2010 et ici en mars dernier encore. Le CX-ECS, filmé ici à Buesmos Aires, affiiche un drapeau taillé de la même façon, de même que le LV-HIO (ici en 2009 et là en 2012). Bref, nôtre quête reste vaine à ce jour. Mais l’avion est donc bolivien, à l »origine !

La belle façade du trafic : un parc de loisirs immense…

Le hangar de Campo Timbó de Oliveros je ne l’ai pas retrouvé sur Google Earth, hélas, ni le second, installé à Carrizeles. Mais autour de la ville du premier, des pistes d’aviation sont bien visibles. La première, de belle facture, longue d’1 km et large de 28 mètres, en herbe, orientée (et marquée au sol) 05/23 est une piste liée à une entreprise agro-alimentaire dotée de deux grands hangars qui sont alimentés en nourriture directement par des bateaux, par des cargos-céréaliers ou des barges poussées sur le Rio Parana (visibles ici à droite à quai). Un « aéroport » en herbe bien entretenu à proximité d’un ponton à cargos sur un fleuve : on retient l’idée d’un endroit comme rupture de charge pour passer d’une voie aérienne… à une voie fluviale, tiens, pourquoi pas ? Retenons l’idée! La piste décrite est aussi en contact avec une entreprise minière, Muelle Minera Alumbrera de San Lorenzo. C’est un un gisement de cuivre, d’or et de molybdéne exploité en surface par Minera Alumbrera depuis 1997. La base d’aluminium produit annuellement en moyenne 321 000 tonnes contenant environ 100 000 tonnes de cuivre.

Sur place, il n’y a en revanche aucun hangar à avion de visible. plus au nord on en trouve une deuxième, plus discrète, moins visible sur Google Earth, mais où a été photographié en vol un des deux exemplaires de Beechcraft cités (le blanc, il semble bien; ici à gauche). L’engin apparaît parmi le flot de photos vantant les mérites du site.

L’endroit où le Beech se pose (ici à gauche) est ici à droite sur google Earth, c’est à lest des « cabanes », ces maisons de vacances en bois qui ont fait la réputation du site, entre les berges du Rio Carcarañá et le Parana.

C’est une piste-clé, elle aussi bien marquée au sol 17/35, large de 28 mètres et longue de 1250 mètres, même si là aussi on ne distingue toujours pas le fameux hangar. Un endroit-clé, car c’est situé à côté d’une énorme base de loisirs.

Un endroit où l’on fait du golf, du polo (cf ci-dessus), et où on peut se ressourcer au milieu de la nature dans des cabanes de bois plutôt luxueuses : la clientèle visée et manifestement aisée (logique, elle peut venir en avion !)..

La publicité sur le site étant très significative : familial, certes, mais pour clientèle aisée ! Les trafiquants, au lieu donc de se cacher, se montraient au grand jour dans cette gigantes que entreprise de blanchiment ! Le retour à la nature, version narco !

L’ensemble est gigantesque, c’est en effet une propriété de 133 hectares au total en bordure d’Oliveros, à 47 kilomètres seulement de Rosario, entre la route 11 et la rivière Carcarañá. La propriété s’appelle sobrement Campo Timbo, du nom du Samanea Saman, timbo ou Arbre à pluie, (ici à droite) qui est un arbre de la famille des fabacées. C’est un très grand arbre tropical qui atteint généralement les 30 m… sa variante est le Timbó colorado, ouTimbó-puitá, Pacará ou Oreja de negro – oreillede nègre- (Enterolobium contortisiliquum).

Une belle façade en tout cas : « camouflée par le luxe de la communauté fermée, qui possède également une végétation dense et des eucalyptus géants, cette organisation de drogue a installé un hangar à côté de la piste clandestine pour stocker de la drogue et des petits avions ». écrit La Nacion, qui poursuit : « le lieu utilisé pour l’atterrissage de l’avion était le Country & Golf Campo Timbó, à la frontière entre Timbúes et Oliveros, un lieu où des résidences de luxe cohabitent avec un paysage côtier très soigné, où la paix et la tranquillité ont toujours été l’attribut principal des investisseurs ». 

Base familiale de loisirs et coke

Les trafiquants attiraient ainsi une belle clientèle, dans leurs fameuses « cabanes » (ici à gauche) dont certains visiteurs venus des USA, en pleine crise du Covid et ayant bien sûr oublié de faire leur déclaration de vaccination sur le Covid !

En résumé, l’immense site aux « cabanes » réputées donnait surtout extérieurement l’apparence d’être d’une banale normalité ! Bien malin celui qui aurait pu imaginer qu’il servait de base aérienne à un gang de trafiquants ! A droite ici le parcours du golf (ou de promenade).

Ils avaient trouvé-là la meilleure planque possible puisque, bien visible, elle ressemblait à tout… sauf à une planque, visitée le week-end ou pendant les congés par un bon nombre de gens !

Les enquêteurs qui avaient fini par leur tomber dessus avaient aussi été surpris de leur comportement dans un tel lieu dûment sécurisé par des gardes (pour rassurer la clientèle, voir ici à gauche) : ‘ils restaient pendant un certain temps derrière des portes fermées, ce qui était frappant car il s’agissait d’un site ouvert qui disposait même de ses propres caméras de sécurité et de surveillance« .

En somme il s’enfermaient bien souvent dans leur hangar (ci-contre à droite le lot de caméras de surveillance trouvées sur le site), d’où la suspicion policière !!! Repérés car trop précautionneux ! Ci-dessous, l’ensemble des lieux répertoriés, qui se divisent deux parties, séparées par une passerelle. La plus grande construction est un long restaurant de bois édifié près de la gigantesque piscine à ciel ouvert et les terrains de tennis ci-dessus à droite).

En tout cas, ça fait un bout de temps que tout ça existait et fonctionnait : les premières traces d’installation avec grand bâtiment de restauration, double tennis et énorme piscine, puis le terrain de golf et les premières cabanes dans l’île, reliées par la passerelle ont été aperçues sur Google Earth fin 2013, il y donc plus de 10 ans !!! La piste d’atterrissage devenant clairement visible à partir de janvier 2016 (et marquée au sol en septembre). Dix années ? C’est en effet fort probable, et il nous en reste une preuve comme on va le voir

Des pistes ce n’est pas ce qui manque dans ke secteur. Une entreprise agroalimentaire appelée La Alborada possède un piste agricole de 700 mètres de long à l’ouest de la zone de golf, au bord de l’autoroute 11 reliant Santa Fe à Rosario. On y distingue en 2020 un petit avion de couleur jaune. Au bout de son champ, un circuit de cross est visible, lié semble-t-il à la base de loisirs. Vraisemblablement un avion agricole.

La piste unique ne semblait déjà ne plus suffire, car pas très loin des cabanes est apparue sur Google Earth une grande saignée parmi des taillis, orientée quasiment est-ouest, et correspondant à une nouvelle piste en construction il semble bien. Elle a été édifiée entre début février et septembre 2023 et fait 1 km de long sur 22 mètres de large, elle n’était pas encore damée au 17 septembre de cette année-là. Aucun engin de terrassement n’est visible sur place, ni sur les chemins qui y mènent . On reste sur l’idée de travaux qui ont été abandonnés. C »est situé plus au sud que la première, carrément dans l’axe de la ville d’Olveiros. Qu’était-il prévu à cet emplacement, on le saura au prochain passage de satellite de Google Earth…

Au final, on reste sur l’impression d’une organisation bien particulière, plus sophistiquée que les précédentes (celle du Beechcraft CX-BRI vu précédemment) et on subodore derrière des tireurs de ficelles de haut niveau. On a croisé des colombiens, mais on n’a toujours pas la tête de réseau. Attendez, il finira bien par se trahir, ou d’être confondu par la maladresse d’un de ses sbires. Mais l’idée d’agir ainsi au grand jour, en quelque sorte, ne manque pas de panache… ou d’inconscience ? En tout cas, le risque pris a payé !

Un pilote totalement immoral

Dans le lot des gens arrêtés dans le grand hangar du parc de loisirs il y a « un aviateur qui a connu ses 15 minutes de (mauvaise) renommée il y a 20 ans. comme l‘a dit une émission télévisée qui lui a reproché d’avoir confié à un tueur à gages le meurtre de deux personnes ».

« A Venado Tuerto, (le gendarmes) le connaissent bien. Selon le portail Venado24.com.ar, les gendarmes l’ont arrêté le 31 octobre à son domicile central de cette ville. Une menuiserie est son activité commerciale déclarée, mais le procureur Saccone a ordonné son arrestation pour sa participation au gang de drogue qui opérait derrière des sociétés fantômes qui prétendaient gérer plusieurs champs, et donc la nécessité de disposer de petits avions pour passer de l’un à l’autre« . La ville est  trouve à 161 km au sud-est de Rosario, Junin étant au sud est par rapport à elle. Le pilote s’appelle lui Juan Clérici, ici à droite, il est âgé de 65 ans… et présente donc un lourd passé d’homme peu fréquentable.

« Les archives ramènent Clérici à l’année 2002, dans une mise à l’antenne du programme Puntodoc (un programme télévisé), réalisé par Rolando Graña et Daniel Tognetti. Une caméra cachée l’a montré en train d’embaucher un tueur à gages pour assassiner deux hommes qui se disputaient certains espaces de pouvoir dans la communauté Venado, l’un d’eux étant le président de l’aéroclub Venado Tuerto, qui l’a remplacé à ce poste » « Clérici a offert au tueur à gages 1 000 $ pour chaque crime. » A gauche devant le hangar du club c’est le LV-LLH, un Cessna 188 plutôt acrobatique..on est aussi ayu pays des avions agricoles (et de leurs pilotes casse-cous !

« Le tueur à gages présumé n’a pas exécuté la commande, il a filmé l’offre et l’a vendue à la société de production Cuatro Cabezas, qui a réalisé Puntodoc. Dans ces vidéos, Clérici révélait : « Le jour, je fais de la menuiserie, j’achète du bois, je fais des bêtises », puis il effectuait de nombreux voyages en avion dans les pays voisins pour ramener d’éventuelles marchandises de contrebande : « Il peut s’agir de cigarettes ou oe « falopa » (nota : de la drogue), a-t-il avoué à son interlocuteur. A gauche, le LV-GWW, lors du meeting de 2018 à l’aérodrome de Venado Tuerto , un très beau PZL-Mielec An-2 argentin

Mais il n’y a pas que cela a lui reprocher, à notre assassin par délégation présumé . Le pilote trafiquant était aussi un ambulancier raté à ses heures: « avant cela, en mars de la même année, Clérici était président de l’Aéroclub Venadense et avait pris en charge un vol médical pour transporter la petite Yamila Fetter, âgée de 7 ans, atteinte de mucoviscidose, à l’hôpital Garrahan de Buenos Aires. La jeune fille est décédée pendant le vol parce que l’oxygène fourni était insuffisant, ce qui a valu au pilote et au médecin responsable une plainte de la part des parents de la patiente. Cela marquait son départ de l’aéroclub et, des mois plus tard, l’échec de son plan criminel ». A gauche c’est le Senaca LV-LIL (iici en vol) atterrissant en 2030 à Venado Tuerto.

Malgré ses déboires, notre homme (ici il y une paire d’années) continuait donc à voler, et c’est surtout celui qui va balancer aux enquêteurs tout le système mis en place par les trafiquants. « Le prétendu menuisier de Venada, fier d’avoir amélioré et intensifié l’activité de l’aéroclub de sa ville, situé sur la route nationale 33, a raconté en détail à quoi ressemblaient ses voyages risqués effectués dans les pays voisins (notamment le Paraguay) pour apporter des « marchandises« .«  .qu’ils demandent. « Il pourrait s’agir de cigarettes ou de falopa », dit-il dans l’enregistrement de la caméra cachée que Puntodoc a montré hier soir. Clérici est également fier d’appartenir à un groupe restreint de quatre pilotes répartis dans tout le pays, capables d’effectuer ces déplacements. « Vous pouvez recruter des pilotes pour beaucoup de choses, mais seuls quatre d’entre nous le font », a-t-il révélé. Pour le reste, et toujours dans le témoignage réalisé à travers la caméra cachée, Juan Clérici assure qu’il a un patron dans le secteur de la contrebande illégale, « qui est Jorge Bertelli, un policier de la province de Santa Fe de grade de sous-commissaire, de Chapelet ». Des pilotes et des policiers corrompus !

Ça durait au moins depuis plus de dix ans (sinon plus) !

Les aveux du vieux pilote font remonter à la surface les souvenirs : celui de la contrebande de cigarettes , « sport national »paraguayen, la grande spécialité « présidentielle », là-bas (avec Horacio Cartes, le président mafieux, aujourd’hui toujours en train de tirer dans l’ombre les ficelles du pouvoir) au Paraguay. un Horacio Cartes qui circulait souvent dans le Beechcraft Baron de son grand ami Dario Messler, ici à droite. Un avion « Raytheon Aircraft CO, modèle 58, a été acquis pour 525 mille dollars (G. 2.985.768.174) par le représentant de la société Chai SA, Adolfo Granada Cubilla, poursuivi pour actes punissables de blanchiment d’argent et association de malfaiteurs, selon ce que rapporte Last Hour. . » on a l’impression de se répéter, mais alors que la Bolivie semble vouloir reprendre la chose en mains avec un ministre de l »intérieur efficace, il faut bien se rendre à l’évidence, au Paraguay c’est toujours la même chose : le narco-état est de fait depuis des décennies maintenant, ou plutôt surtout depuis l’emprise d’Horacio Cartes sur ce même pays.

« La question de la contrebande dans la région et dans notre ville n’est pas nouvelle. Un commerçant de Colon a révélé qu’il y a 50 ans, un fonctionnaire (avec lequel il était un très bon ami) et qui occupait un poste important dans le gouvernement justicialiste de Juan Perín, lui avait proposé de se charger de la contrebande de cigarettes dans notre zone. Le colonense n’a pas accepté, mais hypothétiquement sa place a été occupée par des individus moins scrupuleux. À la fin des années cinquante et au début des années soixante, c’était un secret de polichinelle que dans le quartier de Carlos Pellegrini, les avions volaient à basse altitude. Les petits avions sont arrivés dans la zone plus connue sous le nom de Club Agraire et ont même débarqué, apportant d’étranges colis que plusieurs hommes ont ramassés puis transportés dans des véhicules jusqu’à notre ville ».

A propos des avions très proches du pouvoir, on peut rappeler ici que le 14 septembre 2023 un Beechraft Baron particulier avait subi une tentative de vol : celui de Freddy D’Ecclesiis, député Colorado, dans lequel il avait été trouvé justement de la drogue (450 kilos de coke !) en 2018. L’avion était alors sous séquestre de la justice paraguayenne !

L’appareil étant le ZP-TOM (ci-dessus à gauche). Son arrestation dans une estancia d’Itapua avait été pris dans une rafle avec d’autres, saisis à San Pedro. Il y avait là appartenant à Juana Carolina Vera, les ZP-BOO, ZP-TKW, ZP-TOM, ZP-BKU (ici àdroite) et le ZP-TEU.

Plus deux autres immatriculés en Argentine (preuve du trafic vers ce pays) les LV-HIV et LV-HBU. On les retrouvera tous deux abandonnés et fort détériorés proposés à la vente à la ferraille en juin 2016. Des épaves, invendables en réalité, regroupées à Petirossi.

« Toujours au milieu des années soixante, un petit avion s’est écrasé dans un champ situé entre la route 8 et la gare Merceditas. Les pilotes ont pris la fuite et ne sont jamais revenus. L‘appareil avec sa cargaison de cigarettes et autres objets a été abandonné. Le propriétaire du terrain, étonné, a déposé plainte à la police. L’histoire semble se renouveler à notre époque. Le colonel Doce avait dénoncé il y a deux ans l’atterrissage d’avions clandestins. Une source fiable a révélé que dans un champ situé entre Colôn et Pearson, des avions atterrissaient ou déchargeaient des colis de tous types et tailles à basse altitude. Un camion avec deux hommes arrivait à l’endroit convenu, et récupérait la marchandise et la chargeait dans un camion. Le témoin a indiqué que la destination du véhicule était la ville de Colôn ».

« Les vols étaient observés une fois par semaine et avaient une fréquence régulière en jours et heures. Bizarrement, la plainte rendue publique sur nos pages n’a fait l’objet d’aucune enquête, révélant ainsi la profondeur du complot ». A l’époque c’est un petit Piper qui servait au trafic : « comme les détectives du TOE ont pu l’établir, le Piper a volé de Pueblo Esther au Paraguay, de là il s’est rendu à Santiago del Estero, où les expéditions de cigarettes ont été déchargées sur des pistes clandestines, puis il est revenu au Paraguay et est finalement revenu à sa base, un à quelques kilomètres au sud de Rosario. Ces vols ont cessé d’avoir lieu pendant un certain temps parce que le Piper était en réparation, comme ont pu le constater ceux qui suivaient secrètement ses mouvements ». Pour plus de détails relire ici.

Le Paraguay est jonché d’avion saisis à des trafiquants tels que le Cessna si particulier, le ZP-TIO, qui avait été capturé le 2 juillet 2006, visible ici à gauche….il était atterri dans le ranch de San Antonio, qui était la propriété de Víctor Raúl D’Ecclesiis, un politicien local de renom affilié au parti Colorado de Cartes (le même que celui déjà cité). Depuis, devenu épave, il n’a cessé de s’autodétruire… là où on l’avait ramené, à Campo Grande (Paraguay), sur (la base de l’armée à Asuncion, près de Petitrossi) avec le T-CJW c/n: TE-759, un Beechcraft lui aussi saisi pour trafic..D’autres engins ont suivi après…

Un article de 2014 d’Ambito, journal du Paraguay résumait très bien en titre la question avec ce « Ses avions que l’on ne réclame jamais », citant ceux découverts le Le 14 novembre 2013.

C’était lors de L’opération s’appelait Ciervo Blanco dans une propriété de Santo Tomé, plus au nord, dans le Corrientes. Où avait été découvert une vraie base narco… dans les estancias de bovins « Santa Ursula » notamment et de « Santa María del Aguapey » …

Le trafic de cigarettes, lui perdure toujours en 2024… le record ayant été atteint en 2017 on le rappelle Exemple flagrant ici à droite à Guaira avec un camion plein à ras bord de  300 000 paquets venus du Paraguay sur la célèbre autoroute BR-272, vers Francisco Alves (c’est au Brésil, dans le Parana). La saisie a eu lieu le 23 septembre 2023..

Un trafic devenu durant le temps triple: cigarettes, ensuite marijuana, puis cocaïne (et aujourd’hui apparaissent les premières drogues de synthèse)… En 2016, un petit Cessna s’était planté (c’est bien l’expression) à Santiago del Estero avec 250 kg de marijuana à bord. Il était encore immatriculé aux USA, en N7247V…une fausse, bien sûr. En réalité il avait presque tamponné un véhicule qu’il croyait être celui qui devait le décharger ! Ici à gauche un brak rattrapé à la frontière le 17 août 2022;

De la marijuana un jour et le jour d’avant de la coke, donc : »la semaine précédente, sur la route nationale 16, près de la ville de Monte Quemado, au nord de cette province, des agents de la Gendarmerie Nationale ont procédé à la saisie de près de 300 kilos de cocaïne.… »

… et dans le cadre de cette affaire ils continuent à rechercher un conseiller municipal de Salta. accusé d’être l’un des chefs du gang de la drogue, rapportaient à l’époque des sources liées à la Gendarmerie nationale ».

Sinon plus en effet : l’exemple d’il y a 24 ans

Le circuit vers l’Argentine n’est pas neuf non plus, et on en a gardé un exemple précis .. ci-dessous :

C’est une carcasse d’avion paraguayen immatriculé ZP-TME (N°U206-04378) qui végète à 7 km d’Alcaraz, sur une piste « semi-préparée » en Argentine depuis le 11 novembre 2000 à savoir près de bientôt un quart de siècle. Le rapport d’investigation expliquait alors : « l’avion a atterri sur la piste avec un cap approximatif de 160 degrés, apparemment avec peu de vitesse et peu de puissance, donc après un premier contact il a perdu de la portance, a rebondi et lors d’un deuxième contact semi-croisé, il a heurté la surface du sol avec l’avant. la jambe d’essieu, l’hélice, la partie inférieure du capot moteur, provoquant une déviation de l’avion vers la gauche puis une sortie de piste ». Comme dégâts on a relevé ka partie supérieure du train avant, apparemment fracturée, le capot moteur inférieur gauche effondré. L’extrémité gauche de l’aile gauche avec un enfoncement prononcé dû à l’impact, ainsi que l’arrière de l’avion. Le garde-boue aérodynamique de l’essieu avant a été retrouvé abîmé. Le moteur : n’a aucun dommage apparent. L’hélice a deux pales repliées vers l’arrière à des angles compris entre 30 et 45°, la troisième est en bon état ». il était attendu : « selon les déclarations de la police de Villa Alcaráz, l’avion était en train d’être
en attente, et immédiatement après l’accident, on estime que la charge possible Elle a été transférée dans une camionnette et l’équipement radio-électrique a été retiré en même temps.
de l’avion. Il n’y avait eu aucune communication entre l’avion et une quelconque zone de contrôle ».
Le carnet de vol saisi à l’intérieur étant plein d’enseignements, affirmant qu’il avait réalisé 30 rotations déjà avec deux pilotes cités : « sur les 30 entrées enregistrées comme vol. 26 ont été réalisés par le pilote E. Jara et 4 par le pilote Kennedy. Le vol du 10-NOV-00 a été effectué par le pilote Kennedy. On estime que le vol du 11novembre 2000 a été effectué par le pilote E.Jara puisque ce pilote Kennedy effectuait un vol toutes les 2 semaines ou plus. En revanche, sur des pages de cahiers volantes, récupérées par la police, ont été retrouvées des annotations avec des coordonnées géographiques, dont les points étaient indiqués à la police au moyen d’une carte de navigation, ces points étant situés au W ​​et au SWde la ville de Santa Fe »… il y a 24 ans déjà tout était en place, déjà !!! Le comble étant que cet avion figure toujours au registre paraguayen fourni pat la DINAC en 2021… (on va en reparler plus loin, c’est une découverte fondamentale !). On découvrira en l’inspectant davantage qu’il avait été modifié avec l’apport de réservoirs supplémentaires internes pour voler plus loin. Une organisation et une technicité existait déjà , au service et au bénéfice d’un dénommé Horacio Cartes !!!

Un autre récidiviste alpagué

L’avion ‘tamponné » avait en fait un sacré pilote, récidiviste en diable, comme j’avais pu l’expliquer ici dans l’épisde « Coke en stock (CLXXVII) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (12) » paru le 1 juin 2018. Une histoire sans fin ?  Il semble bien : le 30 mai 2017, sur une piste clandestine du district de Bella Vista Norte, département de l’Amambay, on découvrait un énième chargement de 530 kilos de coke, apportés par un avion retrouvé peu de temps après à  Pedro Juan Caballero, un Cessna immatriculé ZP-BCU (ilavait été proposé à la vente sur Clasipar).  Son pilote était brésilien la drogue provenant… de Bolivie. 

Si le pilote s’appelait Paulo Freitas (ici à droite sur la photo), l’homme chargé de la logistique à l’arrivée (ici à gauche sur la photo) n’était pas un inconnu, puisqu’il s’agissait de Carlos Mendieta, (de son vrai nom Carlos Antonio Mendieta Ortiz) le  même pilote qui avait posé en photo aux côtés du politicien véreux Ruben Sanchez (alias Chicharo, abattu lui-même en août 2021 par une volée de balles – plus d’une vingtaine- l’ayant déchiqueté !!! 

Carlos Antonio Mendieta Ortiz était en fait un fieffé récidiviste : le 20 mai 2016, c’est lui qui avait abandonné sur l’aérodrome de Bella Vista Sur, à Itapúa, un autre Cessna, modèle 182 Skylane, immatriculé N4853N (en photo  à gauche saisi à Asuncion portant toujours les scellés d’interdiction de voler), un appareil qui avait été attribué à un dénommé Gustavo Daniel Valenzuela Moreira, qui s’avérera être sans ressources…

L’avion n’avait en fait aucun certificat de vol valable. On découvrira que Mendieta Ortiz avait déjà fait dans le transport de drogue, mais ailleurs; et avait été condamné pour ça à deux ans de prison ferme : il avait en effet été condamné pour transporter 384 kilos de marijuana dans un avion avec l’enregistrement N7247V, qui avait percuté un pickup sur une ferme près de la ville El Bobadal, en Argentine, en septembre 2012 !!!  L’image, de la saisissante rencontre (drôle de refus de priorité !) avait fait le tour du net à l’époque (c’est celle du chapitre du dessus !)

Et comme le monde est bien petit, c’est le même avion qui avait été dérobé l’année précédente dans l’Aeroclub d’Eldorado (Posadas) en Argentine :  il s’appelait alors le LV-OID (ci-dessous à gauche).  Le Cessna avait été repeint dans son intégralité en blanc et sur ses côtés avait été simplement imprimé une immatriculation américaine, N7247V.  Là où ça se complique, c’est que l’avion aurait été volé au départ par un autre aviateur connu, Guillermo Daniel Ramírez, qui avait été impliqué le 27 novembre 2008, dans le transfert de 4124 kilogrammes de marijuana dans le club aéronautique de Colonia Laharrague (en Argentine). 

L’homme avait été condamné à 7 ans de prison. Or c’est pendant sa peine qu’avait eu lieu le vol de l’appareil cité, qui servait alors à des études photographiques : Ramirez, qui aurait bénéficié d’une autorisation de sortie, aurait fait partie de la petite bande invitée au mariage de Margarita Cañete et Juan Carlos Barrientos, les propriétaires du club aérien  et en aurait profité pour « emprunter » leur Cessna !!!  Une bouteille de vin portant ses empreintes l’avaient désigné en tout cas. « Le président de l’aéroclub de San Francisco, Javier Ortiz, a déposé une plainte auprès de la justice fédérale pour surveiller la piste que « les trafiquants de drogue utiliseraient ». « En 2007 et 2009, un Cessna 172 et un Piper Cherokee ont été volés puis récupérés ».

Emprisonné à nouveau puis de nouveau libéré, Ramirez avait depuis retrouvé sa liberté et vivait discrètement dans la ville de Montecarlo.  « Il était devenu pilote civil et instructeur de vol bien connu dans la région nord de Misiones », selon la presse.  Une liberté qui ne semble pas avoir plu à certains :  le 19 février 2015, il a été abattu de 6 balles dans le dos par un jeune tireur à moto qui a parvenu à s’enfuir.  Les mafieux ne sont jamais loin du trafic de drogue. Et les histoires de vols d’avion sont de véritables romans policiers !!! Le 31 juillet suivant on arrêtait ses deux présumés assassins Hugo Cáceres Doldán (36 ans) et Sindulfo Acosta (35 ans)….

Un rappel ici donc pour nous rafraichir la mémoire avec cette étonnante découverte de parc de loisirs servant de façade au trafic de drogue : on n’en pas fini encore, car nous manquent encore les commanditaire… demain, (et après-demain, il y a beaucoup à dire !) avant d’arriver à lui, nous allons plutôt parler flux du trafic, avec l’évidence flagrante du circuit vers le sud, direction l’Argentine, Santa Fe et Rosario, puis le relais fluvial, le point d’aboutissement étant les containers en attente dans le port de Buenos Aires (ou alentour) destination finale… l’Europe !