Coke en stock CDXVI (416) : une sidérante réapparition, puis une seconde (h)

On revient encore sur les suites de nos découverte au Belize, où il semble bien que le trafiquant El Chapo a laissé quelques traces comme on l’a vu dans l’épisode précédent. Des avions en provenance de Toluca mais aussi de Pereira-Matecana, en Colombie, fin 2019 et début 2020, endroit où une assemblée de trafiquants avait retenu l’attention de la DEA, avec une sorte de convention de jets apparue comme par enchantement, en quelque sorte une célébration de préparatifs d’envois de lourdes charges de cocaïne par jets privés, dont un en particulier se fera prendre. Sa plaque d’immatriculation faussée par les trafiquants, jetant le doute sur le modèle précis utilisé. Un avion maquillé, pour résumer, et dont les ramifications conduiront comme on va le voir en Afrique de l’Ouest, avec à son bord un homme dont le nom prêtera à confusion , une histoire toujours pas élucidée, au nom du secret entourant les activités de la DEA, prête à toutes les compromissions pour remonter au plus haut de l’organisation du trafic. La constatation en fait d’un lien reliant les cartels colombiens à cette partie du monde, qui n’est pas sans rappeler les événements survenus plus au nord à Tarkint en 2009 ! On reste en territoire connu !

Il y a trente ans déjà, le hangar à Learjets

Cela a commencé il y a bien longtemps, bientôt une trentaine d’années au minimum pour celui qu’on a surnommé El Chapo en raison de sa petite taille (cela signifie « courtaud », ce qui est aussi propice à voyager facilement dans les tunnels…). Le 5 octobre 1992, les enquêteurs du bureau du Procureur spécial sur la piste de l’associé de Miguel Ángel Félix Gallardo, le parrain du cartel de Guadalajara, à savoir de Joaquín Guzmán alias El Chapo, se rendent dans un hangar officiel de l’aéroport international de Mexico. Dedans, il y a deux avions Learjet de modèles différents (un modèle 25 et un modèle 35).  Il appartiennent à Aerobasto SA, appartenant aux deux frères Mario et Olegario Vazquez Rana (le second ici à droite), deux industriels originaires de la municipalité de la localité d’Avión (ça ne s’invente pas). Des industriels plutôt étranges surprenant, à l’époque, puisqu’ils font alors faillite sur faillite avec leur chaînes de meubles appelée K2 mais qui survivent car ils ont bénéficié aussi de contrats juteux signé par le ministère de la Défense nationale; et ce durant tout le temps notamment où Luis Echeverria Alvarez était resté au pouvoir (de 1970 à 1976), et ce pendant la période terrible où le pays est secoué toutes les semaines par des attentats provoqués par l’extrême gauche. On les soupçonne déjà de s’adonner au narco-trafic grâce à leurs avions (nota : Guzmán sera capturé en 1993 au Guatemala et expédié en prison au Mexique dont il s’évadera une première fois en 2001).

Un hangar « historique » celui du « roi du ciel » pour abriter des boîtes de piment !

« Les enquêteurs tombent en effet un peu des nues quand ils découvrent que le fameux hangar est situé juste en face de celui du bureau du Procureur général de la République (PGR), qu’il est également très proche du hangar présidentiel et aussi de celui du Secrétaire de la Marine. Dans l’aéroport, un terminal discret permettait en effet aux vols privés de se poser dans l’espace réservé aux militaires ».

« À la surprise des membres qui ont mené l’opération dans le hangar de la Rana Vázquez, l’endroit a été utilisé non seulement par des entrepreneurs, mais aussi par Amado Carrillo Fuentes (leader du cartel de Juárez, surnommé le « Seigneur du ciel » car ce fut le pionnier de l’utilisation du Boeing 727 pour les envois énormes de cocaïne de la Colombie au Mexique) Joaquin El Chapo Guzman (le chef du Cartel de Guadalajara) et Hector El Giiero Palma (l’associé de Miguel Ángel Félix Gallardo, alias « le Parrain », qui contrôlait le cartel de Guadalajara avant que Guzman ne prenne la main dessus » 

« Ils y garaient leur avion et y chargeaient et déchargeaient des drogues et de l’argent. Plus tard, on découvrira que ces trafiquants de drogue occupaient également des hangars dans les villes de Puebla et de Culiacan ».

 « Les enquêteurs notent le nom d’un des pilotes sur place, qui s’appelle Carlos Enrique Messner, et qui citera lors des enquêtes ultérieures, parmi ses passagers les plus fréquents, les noms d’ Alfredo Trueba Franco, Mario Alberto Gonzalez Trevino, tous deux narco-trafiquants. » A gauche ici une partie des 400 cartons sortis du semi-remorque, chaque boîte de piments (« jalapenos ») faisant 2,8 kilos…(il y en avait 6 par carton).

Selon l’indispensable  livre « Les Senores Del Narco« , d’Anabel Hernandez en novembre 1991, ce sont les frères Reynoso Gonzalez (Antonio ayant comme surnom « El Ingeniero », car c’est aussi le spécialiste de la construction de tunnels) qui avaient déclaré au nom de l’une de leurs deux entreprises, les LearJet 25 et 35 comme étant détenus par Aeroabasto SA (les modèles étant immatriculés XA-RVB et le XA-RXB).Les quatre photos illustrant e chapitre sont celles de la découverte du camion contenant les 7 tonnes de coke dissimulées dans les boîtes de piments.

Les habitudes tunnelières d’El Chapo

La famille des frères Reynoso possédait une entreprise d’import-export alimentaire à Los Angeles.  Pratique, pour y dissimuler la coke : en 1993, sachant que l’objectif était de stocker de la cocaïne à vendre aux États-Unis, selon les notes de son procès. « « « Reynoso a admis avoir payé un homme pour louer un entrepôt au Mexique sous le nom de société Distribuidores de Basicos en 1993.  Environ 7,3 tonnes de cocaïne y avaient été chargées dans environ 400 cartons de pickles (cf les images ci-dessus)) de marque « La Comadre » et devaient été emmenées dans un entrepôt, mais elles ont été saisies par les forces de l’ordre mexicaines sur leur trajet, selon les minutes de son procès« . Reynoso a également admis avoir organisé un envoi de cocaïne de 390 kilogrammes caché dans une chaudière transportée de Los Angeles à Chicago en 1994. 

La charge a été saisie à Chicago une fois qu’elle était arrivée. Reynoso avait organisé l’expédition. Fait notable, déjà (comme quoi notre trafiquant est du genre plutôt répétitif): « L’acte d’accusation a accusé les deux frères Reynoso, José et Jésus Reynoso, d’obtenir un entrepôt pour l’une de leurs entreprises alimentaires à Otay Mesa, afin qu’un tunnel de drogue puisse être construit en dessous, indique l’acte d’accusation. » 

« Lorsque Guzman a été arrêté en 1993, les autorités ont trouvé une carte dans une de ses villas protectrices qui menait à la découverte du tunnel presque complet. Il se terminait presqu’à l’entrepôt d’Otay Mesa de l’entreprise Reynoso.  (Il était trop court parce que les constructeurs de tunnels avaient compté apparemment sur une mauvaise carte du comté.) »  Adroits, mais pas si dégourdis que ça, les truands autour d’El Chapo !

Les fameuses boîtes de piment d’Otay Mesa représenteront au final les « points » de connexion ‘connecting the dots » comme on dit aux USA) de tout un système au final, qui avait inclus l’ignoble assassinat du cardinal Juan Jesús Posadas Ocampo, tué le 24 mai 1993, sur l’Aéroport international de Guadalajara, au Mexique : « l’acte d’accusation explique le mystère persistant du tunnel, découvert en mai 1993 par la police fédérale mexicaine poursuivant les assassins du cardinal catholique romain de Guadalajara. Le cardinal est mort dans une fusillade qui, selon les autorités, impliquait des rivaux basés à Guzman et à Tijuana  » (son corps ici à droite).

« Les enquêteurs américains avaient relié Guzman, désormais emprisonné, au tunnel sophistiqué de 1 416 pieds situé près du poste frontière commercial d’Otay Mesa, mais ont jusqu’à présent peu parlé de la destination prévue : une conserverie inachevée du côté de San Diego, prétendument financée par les frères Reynoso. L’acte d’accusation dresse un tableau détaillé de la façon dont le soi-disant cartel de Sinaloa a construit un partenariat criminel avec les hommes d’affaires de Los Angeles, qui semblaient incarner une réussite d’immigrés et donnaient « un air de légitimité à l’importation de cocaïne par l’organisation Guzman », ont déclaré les autorités. Les trafiquants auraient utilisé des avions Lear, des entrepôts, des machines et des chèques de banque liés aux Reynosos pour transporter de la cocaïne et de l’argent. L’opération faisait partie d’un pipeline transfrontalier de produits alimentaires et d’entreprises de transport au Mexique, en Californie, au Texas, à Chicago et au New Jersey qui servait de façade élaborée, selon l’acte d’accusation. »

Les deux Learjet livreurs de coke (ou coffre-forts volants)

Les deux bi-réacteurs ont donc été saisis, mais pas dans le même pays.  Le Learjet XA-RVB, ex Fidelity Union Life Insurance Company (N14TX) , Fidelity Union Life Insurance Company, Lincoln Aircraft Company Inc, et Jet East Inc (N77LP) était devenu Aeroabasto S.A. puis Reynoso Brother Inc (on ne pouvait être plus clair), saisi sous ce nom, sera versé en 1994 à la Drug Enforcement Agency-Gobierno del Estado de Veracruz (XC-AA60) puis dans l’armée de l’air mexicaine sous l’immatriculation P-106 et après« 3909 (ici à droite) pour devenir aujourd’hui XC-UJG. 

Son confrère, le XA-RXB, d’Aeroabasto a été lui saisi, mais par les américains, en 1994 également, à Grocery Depot Inc, autre paravent américain d’Aeroabasto S.A. Il est redevenu américain (N1411S, N2U) puis… mexicain en XA-TBV pour redevenir américain N325JB chez JetBlue Airways (et pour enfin finir de nouveau mexicain, en XB-HGE en 1998 et XB-GCP en 2007, ci-dessous pris en photo le il y a 10 ans sur le Benito Juarez Internacional de la ville de Mexico. Dans le dossier à charge contre El Chapo, l’avion apparaît, sous un cliché de qualité douteuse, devenu pièce à conviction N°0000314277 (à droite ici).

Les deux avions saisis donc dès 1994, et ce, des deux côtés de la frontière !  Selon les informations rassemblées par le procureur, les deux appareils avaient effectivement bien été utilisés par El Chapo Guzman pour «transporter de l’argent des États-Unis au Mexique et des drogues de l’intérieur du territoire mexicain vers la frontière, pour être ensuite apportées aux États-Unis». 

« Précisément ceux qui opéraient depuis le hangar de Rana Vázquez». Vingt-cinq ans plus tard, les Learjet d’El Chapo semblent bien loin.Très loin. Car on semble tout avoir oublié ou tout effacé des mémoires, depuis.

Le même Vazquez est devenu plus tard responsable d’un véritable empire économique, le propriétaire notamment de Grupo Empresarial  de Los Angeles, un conglomérat ayant des intérêts dans le secteur hôtelier (tel « l’ Hoteles Camino Real », ici à gauche situé sur l’aéroport même de Mexico !), les médias (Excelsior, Grupo Imagen), ou bancaire, via Banco Multiva. Au sommet de sa gloire, il présidera même l’Organisation sportive Panaméricaine.

A droite, Olegario Vázquez Raña et son fils  Olegario Vázquez Aldir. Sans surprise, en « septembre 2016, l’enquête journalistique sur les paradis fiscaux Bahama Leaks a désigné Olegario Vázquez Raña comme propriétaire de sociétés offshore dont le but présumé était d’éviter l’impôt. »

Il préside même aujourd’hui la Fédération internationale de tir sportif et il est aussi membre du Comité international olympique (il a été lui-même même de l’équipe mexicaine de tir aux Jeux Olympiques de 1964 à 1976, image ici à gauche datant de 2018). Remarquez, ces derniers temps ce n’est plus vraiment un gage de probité… C’est aussi le grand ami de Carlos Slim (fils, faut-il le rappeler, de parents libanais), avec qui il joue parfois aux dominos, entre deux vols de « jets », lui-même le second actionnaire du New-York Times, depuis 2008.

Gregorio Olegario Vazquez Rana a perdu son frère Mario en 2015, ce dernier avait racheté l’agence de presse UPI et lui avait été nommé président du Comité olympique mexicain de 1975 à 2001 et, à partir de 2009, membre du bureau exécutif du Comité international olympique (CIO)! Gregorio Olegario Vazquez Rana vole auourd’hui en Bombardier, l’immense Global Express XA-OVR. Oubliés, les deux Learjet !!!  Oublié également le pilote Enrique Messner, déjà croisé ici, : son dossier est désormais introuvable dans l’administration mexicaine !  Ce n’était même plus une collusion, à ce stade. C’était… flagrant !

Livraison directe de Toluca !

Dans l’épisode Coke en stock (CVIII) : retour au Honduras où il pleut toujours des avions, du 17 janvier 2016 je vous en avais trouvé un autre encore, d’avion, tout aussi étonnant. C’était le vieil Hawker 125 F400A, immatriculé N125DH et numéro de série 25245 (photographié ici à gauche en octobre 2011 à Toluca , vu aussi au Guatemala, pour un vol vers Miami) qui était arrivé lui aussi en express un dimanche soir à l’aéroport de Goloson, à La Ceiba, au Honduras, le 1er septembre 2013 (ci-dessus à droite) sans avoir fourni de plan de vol préalable.

L’avion venant de Toluca, lui aussi. Le 8 août qui précédait il avait effectué un trajet de l’aéroport d’Ontario à Tijuana, à la frontière mexicaine. Deux pilotes mexicains en descendent et quittent l’aéroport. Les autorités inspectent alors l’avion : ses pneus sont pleins de terre : il s’est posé quelque part sur une piste clandestine, c’est quasiment sûr. L’avion est vide, il n’y a même pas de sièges de passagers à bord : ça sent fort le trafic volumineux de drogue !

 Un examen découvre effectivement des traces de cocaïne à bord. Mais les deux pilotes sont déjà repartis, par un vol commercial classique. 

Avant, ils avaient pu dire aux autorités « qu’ils étaient tout simplement payés pour piloter l’avion et laisser quelqu’un d’autre venir le reprendre » : toujours le même scénario ! « Les pilotes ont été libérés le soir même ; mais l’enquête est en cours « , selon les autorités ». avait-on pu lire, évoquant un laxisme évident sur place. L’avion, 4 ans plus tard, en août 2017 était toujours là…mais déplacé à Tegucigalpa Toncontin Int’l, malgré une tentative de vente cette annèe-là par la Oficina Administradora de. Bienes Incautados  (OABI) : l’offre était de 119 214 euros (3,2 millions de Lempiras). En fait trop cher, vu son état (son intérieur est complètement vide, on le rappelle)

En 2022, un avocat évoquera le flou des ventes de l’organisme…et un audit révèle en effet que « des propriétés, des fermes, des entreprises, des hôtels, des magasins, des bateaux, des bijoux et des véhicules ont été vendus à des prix « de coq mort » à des particuliers et à d’anciens fonctionnaires. Cependant, l’audit a précisé que beaucoup d’entre eux sont évalués en dessous du prix du marché. En outre, il indique que dans d’autres cas, il leur manque l’évaluation préalable, condition prévue par la loi. » On évaluera alors le préjudice à 1 milliard de lempiras pour l’OABI… la corruption gangrène tout le pays !

Mais en 2022, le Hawker était en réalité toujours là, invendu et invendable, maintenant, car bien trop détérioré, ses ailes noircies par les pluies, déplacé de quelques dizaines de mètres en tout début d’année avec la vieille carcasse d’un Hercules 130 rouillé accompagné d’un Learjet et d’une poignée de bimoteurs type Cessna Conquest 441.. dont l’YV1857 (saisi lui aussi c’est l’ex HK-3532) le numéro 441-0356, « un avion saisi à Roatan le 6 novembre 2006 avec 10 paquets entre 20 et 25 kilos de cocaïne » tout cela observable sur Google Earth ! il y jouxte… le fameux Learjet XB-LTD de notre pilote décrit à l’épisode précédent (Víctor Alberto Calderón Cortes, mort dans le crash d’un Hawker chargé de coke):

Mais bien avant ça, on avait assisté à un coup de théâtre, le 5 décembre qui suivait la saisie de l’avion : on avait appris que les deux procureurs qui avaient libéré les deux pilotes avaient eux-mêmes été arrêtés, et que deux autres pilotes venus rechercher l’avion en avaient été empêchés par les forces de l’ordre !!! Avaient été arrêtés en effet ce jour-là un hondurien de 45 ans, Ange Pena Martinez, venu pour réclamer l’avion et les deux mexicains le pilote Luis Fernando Zepeda Chavarria, 38 ans, et le copilote Fajardo Arturo Bonilla, 40 ans. Selon un journal local des traces de sang (et non de cocaïne) avaient été relevés dans l’avion. Or Chavarria est alors un pilote confirmé par la FAA, qui habite… Mexico. Comme son collègue Bonilla, qui habite aussi..  Mexico. Bonilla a été également pilote chez RaJet Aeroservicios de juillet à novembre. 2015.

 il travaillait alors pour Aero Investments LLC, dont l’adresse est une société de nettoyage en LLC inscrite à Cheyenne, dans le Wyoming, fondée en 2010 et déposée auprès du Wyoming Corporate Services, Inc. Car le fait est là : on utilise souvent les mêmes modèles de jet (des modèles Hawker 700) pour se rendre au même endroit (le Venezuela) en partant du Mexique, et en revenant souvent par le détour du Honduras. Et s’il y a un incident, on abandonne l’avion, ou on l’incendie sur place : qu’est ce que représentent 250 000 malheureux dollars, quand au bout ce sont des millions comme bénéfices ??? Mais pas cette fois il semble bien : l’appareil à été déclaré définitivement « retiré du service« ...

Des avions semblables… et une drôle de convention narco… en Colombie !

Vous vous rappelez l’exemplaire N125CJ, aux deux dernières lettres parfois indiquées en rouge, comme ici à droite) , lui aussi enregistré chez TVPX ? Eh bien il a failli avoir un clone, ou en tout cas a vu sa décoration largement copiée… sauf à l’arrière, heureusement (puisque ce sont ces fuseaux moteurs qui avaient réussi à le faire reconnaître après son crash).

Sa « copie » ici à droite c’est le N700CE, dont la photo de loin ci-dessus à droite ne révèle pas un détail compromettant plus visible ci-dessous à gauche : sa porte est en effet alors bardée d’autocollants apposés par l’antidrogue locale, car l’avion venait alors d’être testé pour forte suspicion d’être porteur de cocaïne. L’agrandissement est saisissant en effet: il est interdit de monter à bord, disent les panneaux, ce sont des scellés. Le photographe, Oscar Zapata, le note précisément en légende « sticker on door of immobilized by customs agents » La photo avait été prise le 20 août 2017 sur l’aéroport Pereira-Matecana, qui est situé en Colombie ! L’engin, cinq jours avant, le 15 août 2017 avait déjà été pris en photo sur le même aéroport de Pereira-Matecana; mais du côté droit cette fois : en tout cas cela faisait donc plusieurs jours qu’il avait été immobilisé:

A l’époque il était inscrit chez Aircraft Holding Solutions LLC depuis le 25 août 2015, autrement dit il avait été anonymisé: son détenteur réel était donc étranger. Et même mexicain comme on va le voir. L’engin n’est plus tout jeune, c’est un modèle 700A (cf sa quille reconnaissable) datant de 1984 qui en était alors à son treizième propriétaire. Le reste de l’histoire est…. hallucinant !

Plus tard, en effet, en octobre; il serra rejoint au même endroit par un autre jet, de taille plus imposante encore : un Bombardier CL-600-2B16 (601-3A), bien reconnaissable, immatriculé N711WM, le N°5100 de construction. un journal, El Tiempo,, ayant réalisé une longue et passionnante enquête sur ce qui se passait là-bas présentera les deux engins côte à côte, toujours sur le même tarmac: ces deux-là avaient l’habitude de se voir !!! En réalité, tout ce petit monde était filé par la DEA !!! A juste raison comme on va le voir !

Si le N700CE (257213) était alors chez Aircraft Holding Solutions LLC, il a vite changé de mains (et d’immatriculation, il est devenu le N787MM) pour passer chez Jetnet (Trustee) qui l’a refilé dès le 23 août 2018 à des mexicains, ceux de Confaero SA de CV.

Le signataire du contrat s’appelant Marcelo Zempoalteca Hernandez. présenté comme « consultant »… (documents ci-contre à droite et à gauche).

Le N787MM se faisant refaire une peinture au passage, bien plus classique le ramenant plusieurs années en arrière. Le 26 février 2020, il paradait… à Toluca (« opération glamour » y paraît, signée Endor Avia). En attente d’immatriculation en XA on l’avait déjà mis dansla liste des futurs candidats au dernier voyage de coke !

Pour le bombardier Bombardier CL-600 décrit la suspicion est de mise aussi car s’il est bien répertorié comme étant l’exemplaire 5100 il n’est en rien le N711WM, mais bel et bien le N241N vu ici à Cozumel au Mexique le 21 janvier 2019. Serait-il venu sous une fausse immatriculation ? En tout cas, il appartient bien à une société douteuse…

Car celui-là a été acheté le 10 juillet 2018 par un vieil habitué ici, appelé Three Hundred Sixty Degrees LLC (sous le nom de Manuel Melendez) !!! Ils ont même été rejoints en décembre par un engin encore plus imposant : un Embraer 190 modèle Lineage d’une centaine de passagers en situation normale (ici à droite, mais là il est aménagé en VIP et n’offre que… 19 places seulement !). L’appareil est annoncé à 53 millions de dollars pièce ! Tous ces visiteurs étant des mexicains, et pas venus pour du tourisme, la saison étant depuis longtemps passée.

Sans trop de surprise pour le plus gros appareil appelé à faire la fête on tombe sur un Embraer ERJ 190-100 ECJ privé, installé en VIP (voir ici les deux clichés montrant le confort intérieur) un des rares existant, le N666GL, ex P4-EST (ici à droite à Malte en octobre 2016) enregistré vous l’auriez deviné chez… TVPX AIRCRAFT SOLUTIONS INC TRUSTEE, dans l’Utah…

Depuis, il a quitté le secteur et est allé se mettre au vert, mais très loin: il est en effet désormais stocké en effet (depuis 2022) sur l’aéroport du Heydar Aliyev International, à Bakou, en Azerbaïjan, après être passé par le Velana International Airport des Maldives !! Les oiseaux se cachent pour mourir a-t-on dit ? Celui-là aussi ! En 2021 il avait été stocké déjà à Singapour Seletar !

Mais écoutons les journalistes d’El Tiempo : « aujourd’hui encore, on ignore ce qui se cache derrière l’arrivée de trois luxueux jets privés, avec 35 passagers à bord, qui ont atterri à l’aéroport Matecaña de Pereira à la fin de l’année dernière. Le premier débarquement de supposés touristes a eu lieu en août et venait de Tapachula, à la frontière entre le Mexique et le Guatemala.L’avion, un « jet » British Aerospace 125, transportait huit personnes (c’était notre fameux N700CE) et a été immobilisé sur ordre de la police anti-narcotiques, qui, après avoir vérifié les bagages, a constaté des incohérences douanières, notamment l’absence de documents justifiant leur entrée dans le pays.En outre, les agences anti-mafia étrangères ont demandé de vérifier si ce vol pouvait faire partie de la série d’avions privés que la mafia utilise pour rapporter des dollars, sortir de la cocaïne et déplacer le personnel de différents cartels internationaux ».

« Il ne fait plus de doute qu’une confédération de cartels européens et colombiens a réactivé la route – utilisée dans les années 80 par la mafia –, profitant des faiblesses du service privé pour clients VIP et des filtres officiels. Avec le « narcojet » parti de Bogotá il y a deux semaines à destination du Royaume-Uni (c’est l’énorme Bombardier Global Express immatriculé en Autriche OE-IEL (et aujourd’hui devenu P4-BFW, chez Avium dont le siège est à… Auba !), trois vols charters sont déjà tombés en Europe, transportant 2,7 tonnes de coca colombienne ». Il avait en effet la une des journaux anglais (ici à droite) avec la découverte dedans de 513 kilos de coke, lors d’un atterrissage à Farnborough le 20 août 2018. (1)

« Chaque année, environ 4 500 de ces vols quittent le pays et 2 500 décollent de l’aéroport El Dorado de Bogota sans être totalement réquisitionnés. Et maintenant, la DEA et l’ICE ont la preuve que le même « modus operandi » est utilisé à Cartagena, Cali, Medellín et, surtout, à Pereir À Tapachula, point d’origine de deux des vols arrivés dans cette ville, il existe cinq cartels : Jalisco-Nueva Generación, Sinaloa, « les Zetas » et « les Templiers ». Presque tous ont une forte présence dans 10 départements de Colombie.« 

« Le premier appareil arrivé à Pereira (notre Hawker donc) est resté dans les hangars d’une entreprise colombienne dont le porte-parole a déclaré qu’il n’était pas autorisé à parler. Et bien qu’il ne soit pas exclu que les passagers soient des hommes d’affaires de haut niveau, les autorités ont été frappées par l’arrivée du deuxième charter en provenance de cette ville mexicaine (celui-là, c’est notre Challenger). Celui-ci a atterri en octobre 2017, avec 8 autres passagers. Le journal El Tiempo a établi que l’avion dans lequel ils sont arrivés avait été acheté il y a un mois par quelqu’un à Metepec, une petite ville proche du District Fédéral. La cellule mexicaine de renseignement financier y a détecté des investissements des cartels de Sinaloa et du nord de Valle. Et il y avait un troisième « jet », d’une capacité de 19 personnes, qui arrivait de Querétaro (c’est notre Embraer VIP), avec plusieurs sujets qui disaient qu’ils allaient à une grande fête à Pereira avec des Colombiennes. Au total, 46 vols privés arrivés à Pereira en 2017 ont été suivis et au moins six étaient immatriculés au Mexique. L’un d’eux est un Embraer 190, pour une centaine de passagers ».

« Ceux qui sont venus de Tapachula et de Querétaro n’ont pas apporté de dollars ni de cocaïne, mais il est évident que les gens viennent de lieux éloignés du Mexique et que Pereira est soudainement devenue un centre d’intérêt pour ceux qui arrivent à bord d’avions luxueux », a déclaré un agent fédéral. Et il a ajouté que Querétaro est devenue un refuge pour les trafiquants de drogue mexicains et que le fondateur du cartel de Sinaloa, Juan José Esparragoza, alias El Azul, y a vécu. Et les itinéraires des blindés, enregistrés par un satellite, sont un indice pour retrouver les propriétaires de coke et leurs complices civils et officiels ».

L’étrange histoire du Challenger « congolais » : limer les plaques des avions !

Des histoires différentes s’imbriquent aussi puisque c’est un trafic international. Nous n’avons pas oublié pour autant, rassurez-vous, un autre jet,, qui s’était retrouvé coincé alors qu’il s’apprêtait paraît-il à traverser l’Atlantique vers la Guinéee-Bissau, lui aussi (ça sert d’avoir de la mémoire dans ce dossier tentaculaire que je traite depuis près de 10 ans maintenant !).

L’avion, qui n’est autre que le N211SJ qui va devenir le N351SE, impliqué dans notre affaire Africa Air Assistance d’Air Cocaïne, le Boeing de Tarkint, figure en fait dans un chapitre de livre au titre évocateur : « Narcojet » (« Cocaína para el mundo en aviones de lujo »). Selon son auteur, Martha Soto, l’appareil qui devait s’apprêter à traverser l’Atlantique était bien de type Gulfstream. Elle cite à bord les dénommés « Charles Granon » et « José Fernando Acosta Gomez » comme participants. Des noms précieux, comme on va le voir plus loin. Selon Martha Soto toujours, « il est prouvé que le niveau de sophistication des trafiquants a atteint un niveau tel qu’au moins un des aéronefs suspects arrivés dans le pays utilisait une plaque d’immatriculation pour un avion ambulancier international. Et au début de 2018, un Hawker, en plein vol, a été détecté, dont les pilotes ont refusé de répondre aux appels de l’avion d’interdiction de la FAC (Colombian Air Force) ».

« Après avoir vérifié son immatriculation, les inspecteurs ont découvert qu’il était à vendre et qu’un certain nombre de contacts étaient apparus sur Internet en Floride (États-Unis). Immédiatement, les agents ont appelé le propriétaire, prétendant être des acheteurs potentiels, et s’ils ont été invités à les laisser voir l’appareil, cet avion caché qui longeait l’espace aérien colombien a simplement indiqué qu’il était en réparation à Boca Raton, en Floride ». Pour les autorités, le N351SE de LB Aviation Inc. Yorklyn Delaware et Gulfstream Aircraft Partners Inc. Wilmington Delaware, est plutôt le N95SJ de  Southeast Jet Group Inc, ici à droite. L’avion a été manifestement cloné … au Mexique, comme j’ai pu l’indiquer ici-même !

En Floride il s’en passait des belles on le sait. Mais, comme le dit encore M. Soto, « il y avait eu un cas encore plus grave, rapporté le 25 octobre 2017, qui impliquait un avion à réaction de type Bombardier, identique à celui qui est parti avec de la drogue de Londres. Avec le pavillon nord-américain et le N° de série 7140′′ (c’est en fait le N711WM, un Canadair CRJ-100SE, ex N140WC et M47-01 de la Malaysian Air Force ici à droite) « l’avion de luxe devait décoller de l’aéroport de Querétaro (Mexique) et était en train de préparer à se rendre en Colombie. Lors de l’examen de routine, il a été découvert que le pilote, Joel Amaya Hoeflich, (qui annonce carrément dans Linked’in être « pilote de Cessna Citation Bravo pour Danipili s.a de C.V ») n’avait pas été enregistré dans la base de données FAA donnant l’autorisation de piloter ce type d’appareil »

Bingo, puisque le même appareil, ou censé être le même, se fera arrêter le 7 janvier 2018 à son retour de Colombie, à Cozumel, au Mexique (image ci-contre): « la police fédérale a obtenu aujourd’hui un avion immatriculé sous le numéro d’immatriculation étranger N711WM, en provenance de Colombie, qui a atterri à l’aérogare de Cozumel, Quintana Roo. « Lors d’un examen d’aéronefs privés en provenance d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et des Caraïbes, des agents fédéraux ont détecté le biréacteur Bombardier / Challenger de type CL601, dont le numéro de série ne correspondait pas à son certificat de navigabilité, c’est-à-dire qu’il était « piraté » (ci-dessous à droite la plaque le prouvant). Il porte le numéro de série 5100 ! L’avion convoqué à la fiesta mexicaine de Pereira en Colombie est bien un clone !!! Voilà pourquoi donc la DEA était sur ses traces !!!

L’avion appartenant alors à Wumac Inc : le 13 avril suivant, il était de retour chez son vendeur de départ, Gaughan Flying LLC ! Celui-là avait tout faux, avion comme pilotes ! Wumac Inc, à l’adresse d’un simple hangar de Portland devait aussi 8 159 dollars impayés de frais portuaires pour son CL600-2B19 N888GY a Aeroworks In. Inc qui l’avait gardé au sol de décembre 2011 à décembre 2013. « Et pour ajouter un problème de plus, continue Soto, « son copilote présentait lui aussi de nombreux problèmes graves. « Le sous-officier de l’Air Force, auditeur chargé du contrôle à la DSNA, passa alors en revue les consultations respectives de la FAA aux États-Unis et ne trouva pas la licence enregistrée pour le copilote Carlos Andrés Gaona Salas, et sa licence, numéro 2417665, correspondait à un autre pilote nommé David Doyle (il est commandant de bord sur Gulfstream 650 chhez PVT Flight Dept et ancien pilote sur Falcon 2000EX EASy) ! Bref, au Mexique, belle découverte, on peut faire voir n’importe quel avion, même pas certifié, piloté par quelqu’un avec un faux permis de piloter !!! Bref, la totale !!!

Les avions de Pereira ont mené aussi à l’arrestation de Debra Lynn Mercer-Erwin !

On comprend mieux aujourd’hui pourquoi certains avions dûment répertoriés comme trafiqués ou portant de fausses plaques ont été laissés en circulation selon InfoBae : « L« enquête, publiée samedi 29 avril par l’éditorial El Tiempo Casa, a révélé que les agents fédéraux de l’ICE ont vérifié que l’un des avions arrivés en Colombie (un British Aerospace 125) avait décollé 24 heures plus tard avec 8 passagères et une tonne de cocaïne. Ces avions, ont découvert les autorités qui ont enquêté sur le cas, avaient déjà atterri à Matecaña, d’abord en août 2019 puis début 2020, en provenance de Tapachula, une ville frontalière située à la frontière entre le Mexique et le Guatemala. Cinq cartels opèrent actuellement en Amérique centrale : Jalisco-Nueva Generación, Sinaloa, « los Zetas » et « los Caballeros Templarios », qui font tous le commerce de la cocaïne colombienne ».

« Le suivi de ces avions, indiqué par le média susmentionné, a conduit les agents fédéraux à quelques entreprises ouvertes à Onalaska, une petite ville du Texas où il n’y a même pas d’aéroport. Certains d’entre eux ont été enregistrés par Aicraft Guaranty Corp., en tant que fiduciaire, une société dont une femme d’affaires aéronautique de nationalité américaine est la tête visible : Debra Lynn Mercer (femme d’affaires de nationalité nord-américaine et capturée en 2020). Cette femme semble également liée à la société Wright Brothers Aircraft Title (WBAT) et a réussi à immatriculer plus d’un millier d’avions, dont des hélicoptères. Elle, et comme le rapporte El Tiempo, qui a eu accès à l’enquête, a témoigné le 21 avril dans l’affaire, le lieutenant-colonel Álex Humberto Ladino, actuel chef de la sécurité et de la défense de la Force Aérienne Colombienne (FAC). Dans cet ordre d’idées, selon le média local WFAA, l’officier s’est présenté en uniforme devant le tribunal fédéral de Sherman (Texas) et a assuré que depuis qu’il avait localisé ce réseau, il y avait eu une baisse de 29% des expéditions de cocaïne par cette route. Dans ce contexte, l’agent spécial Paul Mack a également témoigné, qui a assuré que de nombreux avions enregistrés par la femme étaient saisis de drogue et qu’elle savait très bien qui étaient ses clients.« 

Des policiers parmi les trafiquants !

« Il convient de mentionner que les trafiquants de drogue qui opèrent depuis Pereira en association avec les cartels mexicains appartiennent à la bande criminelle « La Cordillera », dont les dirigeants vivent avec tout le luxe disponible et se trouvent dans la banlieue de Pereira, affirme le journal de Bogotá. , avec la complicité de certaines autorités locales. Et à eux sont également associés les héritiers de l’ancien cartel Norte del Valle et un tentacule du « clan du Golfe ». Ils nourrissent tous la mafia mexicaine avec de la cocaïne. » Le groupe est tombé depuis avait-on pu observer en août 2023 : «  Dans une action coordonnée, les autorités ont réussi à capturer à des fins d’extradition 11 individus identifiés comme membres d’un réseau criminel dédié au transport de chlorhydrate de cocaïne camouflé dans du panela et du kaolin à travers le port de Buenaventura, dans la Valle del Cauca.Les arrestations ont eu lieu dans plusieurs villes, dont Pereira, Dosquebradas, Cali, Medellín et Madrid ». leur leader s’appelant Mauricio Tamayo Aponte.

« Selon les autorités, cette organisation illégale opérait dans l’ombre de la structure criminelle connue sous le nom de La Cordillère. Leur mode opératoire consistait notamment à se procurer de la cocaïne dans le sud-ouest de la Colombie, qu’ils camouflaient ensuite ingénieusement dans de la nourriture, des marchandises et des conteneurs envoyés vers des pays d’Europe et du Moyen-Orient, comme les Émirats arabes unis. Le plus alarmant est que parmi les personnes arrêtées se trouvaient trois anciens membres de la police nationale, qui ont joué divers rôles pour assurer le succès du transport de stupéfiants vers des destinations internationales. C’est ainsi qu’ils ont trouvé une quantité impressionnante de cocaïne liquide sur les parois d’un conteneur à destination de l’Espagne. Les personnes capturées comprennent :
-Reinaldo de Jesús Rivera, alias Rey, qui serait impliqué dans le financement d’activités liées à l’acquisition de cocaïne et à son transport. Des liens avec les structures de l’ELN lui sont attribués.
Mauricio Tamayo Aponte, alias Mao, meneur présumé.
-Débora Bibiana Agudelo Tabares, serait l’une des personnes de confiance d’alias Mao.
John Jawerd Moreno Betancourt, éventuel partenaire d’investissement nommé pour diriger le processus de camouflage des stupéfiants.
-Jesús Aníbal Ruiz Henao, alias el Hombre del Libro (l’Homme du Livre), aurait été en contact avec des réseaux de trafic de drogue en Europe.
-Adolfo Castro Grajales, alias Caballo, ancien membre de la police nationale chargé des opérations comptables, logistiques et de la gestion des alliances en Europe.
-Didier Mauricio Aguilar Serna, alias Mono, serait l’un des responsables de l’exécution des processus chimiques permettant de mélanger la cocaïne au sucre, à la panela et à d’autres produits.
-Jony Garzón Pareja, alias Jota, ancien membre de la police nationale qui serait impliqué dans le transport de stupéfiants vers l’Europe et aurait participé au recrutement de « passeurs humains ».
-Óscar Antonio Polanía Marín, alias Polita, possible coordinateur des expéditions.
-Eugenis Betancur Correa, alias Pri, ancien membre de la Police Nationale à qui on attribue la collecte d’argent pour permettre le passage et la sortie des caches.
-Fernando López Rivera, représentant d’une entreprise d’opérations logistiques qui aurait des alliances en Europe. Il serait l’un des responsables de l’obtention de la cocaïne, de son stockage et de son transport après le processus de camouflage.

Drôles d’avions et drôles de pilotes ou de passagers

Notre auteur continuant ici sa description de cette incroyable histoire : « En plus du mensonge, les responsables de Civil Aeronautica ont examiné les registres des captures internationales, et ils ont établi que, le 11 juin 2007, un pilote ayant la même identité avait été arrêté au Venezuela alors qu’il avait tenté d’embarquer 2,3 tonnes de cocaïne dans un avion battant pavillon américain à l’aéroport de Santiago Marino, sur l’Ile Margarita »… Et en effet : selon des documents de la Cour suprême vénézuélienne, Gaona Salas et ses collègues ont été traduits en justice le 29 novembre 2013 à Nueva Esparta, pour avoir tenté de transporter deux tonnes de cocaïne. En outre, pour porter illégalement quatre armes à feu de 9 millimètres, 22 000 dollars, 25 000 pesos colombiens et 1 000 francs congolais. Les billets en provenance de la République démocratique du Congo indiquaient la longueur des tentacules de la bande du capitaine Gaona Salas, qui avait déjà préparé le plan de vol pour transporter la drogue sur 9 616 kilomètres jusqu’à Brazzaville.

Robert Charles Granon (on va voir plus tard que ce nom n’est pas correctement orthographié), l’un des passagers, était le guide du groupe. Il avait un passeport diplomatique et affirmait être un proche du président de la République du Congo. Malgré sa prétendue ascendance, il a été capturé et accusé de « complicité dans l’utilisation d’un faux document et de collaborateur immédiat dans l’infraction de trafic de stupéfiants ». « Une décennie après cet épisode, le narcopilote Gaona Salas semblait être revenu pour prendre son envol et, avec une permission falsifiée » note aussi Soto.. Le dénommé « Granon » ayant bien sûr bénéficié lui aussi de la même mansuétude.

A noter également que le 10 juillet 2007, Fox News avait proposé une autre version en déclarant qu’il y avait « deux américains à bord » et non un seul, et que « le ministre de la Justice, Pedro Carreno, a déclaré après la saisie que l’avion avait été arrêté par la Garde nationale sur la piste et que la cocaïne avait été saisie à l’intérieur de voitures au bord de la piste avant de pouvoir être chargée dans l’avion » (bref qu’il n’y avait pas de drogue à bord) et avait précisé que selon le co-pilote mexicain, Carlos Gaona Salas, celui-ci « a déclaré avoir atterri sur l’île pour faire le plein, car le vol était bon marché au Venezuela et qu’il se trouvait sur la trajectoire de vol entre Toluca, le Mexique et la Sierra Leone. Il a précisé que leur destination finale était le Congo. » Fox ajoutant que « dix suspects avaient déjà été arrêtés, « dont Georges Masudi, diplomate du Congo ». Ici c’est orthographié Masuchi et les vénézuéliens, comme Fox d’ailleurs, parlent de Charles Gagnon et non Gragnon : difficile de remonter une piste correcte avec ces infos déformées !

Le pilote du N711WM, Joel Amaya Hoeflich, qui aimait se rendre en selfie (cf ici à droite), est lui aussi un beau cas d’espèce (on comprend mieux aujourd’hui l’intérêt de la DEA pour son avion). Le lundi 11 septembre 2020, les radars guatémaltèques détectent un avion, un jet, de type Sabreliner, un modèle ancien, effectuant un vol non déclaré et des Tucanos sont lancés à son interception. Poursuivi, donc, par des avions ayant l’autorisation de tirer, l’engin, le vieux Sabreliner se pose en catastrophe près du village où Chico, vers Champerico dans le Retalhuleu :

Un atterrissage catastrophique dans lequel l’avion va se retourner dans l’axe, y perdre ses ailes et ne plus devenir qu’une bouillie de pièces détachées, sauf le fuselage et le cockpit restés en un seul morceau, un vrai miracle, dont les militaires arrivés sur place extraient un pilote, Joel Amaya Hoeflich surnommé « Rl Capi » âgé de 60 ans, aussitôt transféré, gravement blessé, à l’hôpital où il est mis en détention. L’autre pilote à ses côtés est décédé, et un troisième occupant à réussi à s’échapper du tas de tôles !

L’avion est un vieil appareil de1980, un NA-265-65 Sabreliner 65, dont le numéro de série est le 465-30 qui était repassé il y a quelques années déjà dans un atelier de peinture pour lui redonner und coup de jeunesse.. Avant c’était en effet le N465SC. Il est vu ici au dessus à gauche arborant déjà sa nouvelle livrée, celle portée lors du crash, le 26 mars 2016 à Houston. Sans surprise non plus l’avion acheté le 18 juillet 2012 par E D Santos & Associates Llc de Wilmington Delaware a été revendu le 10 juin 2020 à un mexicain…. qui l’a donc transformé en kamizaze à coke 4 mois à peine après..

Dans l’avion l’Ejercito a localisé 1028 paquets de cocaïne d’une valeur de 14 millions de dollars !!! Antinarcotics, un centre d’études spécialisé, retrouve le tarif auquel était payé El Capi pour ce trajet : 180 000 dollars par vol !


Le trafic transatlantique révélé

Revenons à Pereira. « L’enquête sur les vols vers Pereira avance en même temps que celle sur le « narcojet » de Bogotá. Comme l’a révélé en exclusivité le journal colombien, ils ont déjà enregistré Launy, une entreprise qui louait deux camions blindés utilisés pour transporter la cocaîne à travers Bogotá. Et Central Charter, propriétaire du hangar et qui a demandé à la police de saisir le « narcojet » – demande qui n’a pas été satisfaite – a déjà fourni des vidéos de l’opération. Celles-ci montrent le maçon anglais Martin Neil (cité ici par le Mirror le premier en haut à gauche des 4 délinquants) et son frère Stephen ; le mafieux italien Alessandro Iembo et les espagnols Víctor Franco Lorenzo et José Miguélez-Botas.« 

Le 24 août 2018, six mois à peine après leur tentative d’introduire une demi-tonne de coke en Angleterre, « Martin Neil, 49 ans, de Poole, Dorset, le ressortissant italien Alessandro Iembo, 28 ans, et l’Espagnol Victor Franco-Lorenzo, 40 ans, seront emprisonnés pendant 24 ans chacun à la Crown Court de Woolwich jeudi (23/08). José Ramon Miguelez-Botas, 56 ans, a été condamné à une peine plus légère de 20 ans d’emprisonnement, pour ce que le juge Philip Shorrock a qualifié d’« opération sérieuse et commerciale » ls ont été arrêtés en janvier 2018 à la suite d’une saisie de classe A effectuée par des agents des forces frontalières à l’aéroport de Farnborough. La cocaïne, pure à 79 %, avait une valeur de gros de 15 390 000 £ et une valeur marchande estimée à 41 040 000 £ ». En plus du gang, José Ramon Miguelez-Botas, était un coiffeur de Valladolid en Espagne.

Tous le préparatifs des réunions de Përeira consistaient à préparer cet envoi massif de coke (et d’autres) nous résume ici Daily Echo (2) . « Neil, Iembo, Franco-Lorenzo et Miguelez-Botas s’étaient fait passer pour des hommes d’affaires impliqués dans le monde de la cryptomonnaie et de l’industrie musicale pour louer l’avion.Ils ont indiqué aux représentants de la société Diamonte Jets qu’ils devaient rencontrer Bruno Mars à Bogota. Une représentante de la société a organisé le départ des hommes du Royaume-Uni le 26 janvier. Les accusés ont payé 138 500 £ en espèces pour la location de l’avion. La femme a demandé qu’une compagnie spécifique, Central Charter, s’occupe du vol à son arrivée à Bogota.Les enquêteurs de la NCA ont découvert par la suite que la même femme avait organisé un voyage presque identique pour trois des hommes en décembre 2017 » (une des réunions colombienne se passait on le rappelle à cette époque). Ils avaient en effet déjà effectué le trajet le 11 décembre 2017 « sans être détectés » (mais en rapportant aussi un grand nombre de valises, ce qui laisse supposer que leur second vol avait lui été pisté par les policiers).

« À cette occasion, l’avion avait fait escale aux Açores lors de son voyage de retour.Lors de la préparation du voyage de janvier, Miguelez-Botas s’est rendu au Royaume-Uni depuis l’Espagne et s’est enregistré à l’hôtel Premier Inn de Bournemouth. Le 25 janvier – la veille de leur départ pour la Colombie – ils se sont tous rendus au Chelsea Harbour Hotel de Londres, où ils ont passé la nuit. Le lendemain, des voitures de luxe sont arrivées pour les emmener, avec leurs 12 valises, à l’aéroport Luton Signature »..

« La police colombienne a découvert que des criminels à Bogota utilisaient diverses tactiques pour permettre à la transaction illégale de passer insoupçonnée. Des véhicules blindés ont été utilisés pour transporter la drogue, tandis qu’un faux policier accompagné d’un faux chien renifleur « inspectait » les bagages des hommes avant qu’ils ne soient rechargés dans l’avion ».

« Le groupe est ensuite retourné à Farnborough. Leurs valises ont ensuite été sélectionnées pour une inspection plus approfondie par la Border Force. Lors de la perquisition (ici à gauche) , 513 blocs de cocaïne emballés individuellement ont été trouvés. »  Les policiers retomberont sur leurs préparatifs en décryptant les vidéos de surveillance de l’appartement de Fontibón où il étaient descendus, pour se rendre après au hangar d’ El Dorado : un document frappant, dans lequel on voyait justement le faux maître-chien partir avec les malfaiteurs. L’opération avait été pilotée sur place par Carlos Muñoz Garavito…  alias « Caliche », arrêté lui le 2 mars 2018 (ici à droite).

Le cas exemplaire de juin 2019

Three Hundred Sixty Degrees LLC  était bien une société douteuse, qui détenait aussi le NA0281, un Hawker 125-700A, datant de 1980 (ici à droite à Toluca en mars 2018), et exporté le 24 janvier 2019 en République Dominicaine... immatriculé toujours en registre US anonymisé N101LT (ici sa fiche d’annonce de vente). Visiblement, il connaissait déjà bien le chemin :

Il ne faudra pas attendre longtemps pour qu’il fasse parler de lui…au Venezuela. Dès le 25 juin, on s’inquiétait de ce qu’il était devenu : « Les autorités zuliennes (de l’Etat de Zulia, donc) ont entamé lundi la recherche d’un jet d’immatriculation américain N101LT qui est parti de la République dominicaine vers le Venezuela, mais n’est pas arrivé » affirmait un communiqué lacunaire.

« Le journaliste Javier Mayorca a publié les informations sur son compte Twitter, notant que l’avion avait décollé de l’aéroport international Presidente Juan Bosch, à Samaná. Selon l’application FlightAware, on peut voir que l’avion est parti le dimanche 23 juin de l’aéroport de Santiago de Querétaro, au Mexique, vers la République dominicaine, et a atterri à 19h14 (heure de l’AST) après un vol de 5 heures et 14 minutes » (cf ci-dessus). « De même, l’enquête montre que le propriétaire de l’avion est la société Three Hundred Sixty Degrees LLC (« trois cent soixante degrés »)  et qu’il s’agit d’un avion de type Hawker Siddeley HS.125 série 700A de 1980, numéro de série: NA0281 (257114). La société est enregistrée à Glendale, Californie, États-Unis au 200 West Wilson Avenue # 2203, elle a été créée en 2016 et les estimations actuelles montrent que l’entreprise a un revenu annuel de 1 300 000 dollars et emploie un personnel d’environ trois personnes, selon le portail Manta » (ci -contre à droite l’entrée de l’immeuble où elle était déclarée). Rappelons que l’avion cité, à part deux maigres filets noirs et dorés et une strie rouge est entièrement blanc…

Et le lendemain…

Coïncidence, le lendemain même, le 24 juin, la police guatémaltèque fait part d’un communiqué alarmant. Un avion biréacteur selon elle « tout blanc » a été filmé par un de ses hélicoptères encore en train de brûler après s’être engoncé dans des taillis, au milieu d’un piste clandestine (ci-dessous à gauche).

Ça s’est passé à El Pajeral dans le Parc National del Tigre, encore une fois. On précise que c’est dans le village de Chichipate, plus précisément dans la Finca Mallorca.

Un homme a été retrouvé mort à proximité, il s’appelle Jorge Flavio Monzón Ba, et il est âgé de 50 ans : une fusillade a eu lieu lorsque la police est arrivée sur place, au sol, et il a été touché à a jambe gauche : Les policiers avaient tenté en vain de lui faire un garrot.

A côté de l’avion sont retrouvés un pickup mais aussi une pelleteuse de type Case (ayant servi à défricher la piste, très certainement. De l’avion il ne reste plus que  l’empennage (blanc) d’intact (ci-dessous à gauche): celui d’un Hawker 125 récent (d’après le diamètre visible de ses réacteurs). Selon la police, l’avion avait tenté d’abord d’atterrir à El Estor, où on le sait un aérodrome « long » en dur existe : celui de l’entreprise des mines déjà citée.

Si l’on ignore toujours s’il s’agit bien du N101LT, l’avion en tout cas était bien un Hawker 125, plutôt du type 700, d’autres photos d’appareils de ce type incendiés également au Guatemala présentant de séreuses similitudes.

La coïncidence des faits oriente bien vers l’infortuné N101LT (qui n’a plus donné signe de vie après en effet). Et ce n’est pas le seul exemple puisque Three Hundred Sixty Degrees LLC était aussi le propriétaire depuis le 10 juillet 2018 de l’exemplaire N813NA devenu XA-NEM (ici à gauche) retrouvé crashé à Las Pilas, Champerico au Guatemala le 7 août 2019, photographié ci dessous; notez le filet révélateur sur le dôme radar !) En février 2017 déjà, il se baladait de Fort Lauderdale à Cancun !

Demain, nous poursuivrons ce listing d’avions disparus au Belize; en continuant à jeter un oeil sur l’actualité avec des hélicos en Espagne (notre série débutée à reprendre très bientôt j’espère, les chapitres sont prêts) et ce fameux procès en Côte d’Ivoire pour un trafiquant par qui toute cette longue histoire a débuté. Miguel Angel Devesa, l’âme damnée derrière le Boeing de Tarkint… en 2009 ! Un vrai thème à la Netflix !

Notez que l’hélico intercepté ce 22 mars en Espagne n’est pas un inconnu : il sortait d’un école d’apprentis mécaniciens dont je vais longuement vous parler, vu les choses étonnantes qu’on y a trouvées (c’est bien le même en effet !!). Notez au passage l’immatriculation, qui est… ukrainienne, en « UR- » en effet !

Sans oublier le voilier bien délabré intercepté par les français dans le Golfe de Guinée le 3 avril dernier, c’est tout récent, il emportait lui 900 kilos de coke (sa zone d’interception est montrée ici du doigt par J-F Quérat, le Préfet Martime de l’Atlantique)!!!

(1) les avions privés et la coke, ça a été révélé en 2009 peut-on lire ici en février 2022 dans une sorte de récapitulatif bien mené: « en 2009, dans une affaire surnommée « Air Cocaïne », un Boeing 727 incendié a été retrouvé dans le désert du Mali et il aurait transporté plusieurs tonnes de cocaïne. Les enquêtes menées à l’époque suggéraient qu’il ne s’agissait pas d’une affaire isolée : l’année suivante, un commissaire de police malien a été condamné pour son rôle dans un projet de construction d’une piste d’atterrissage pour les atterrissages d’avions narcotrafiquants dans le désert.

« En 2010, les autorités du Royaume-Uni ont noté qu’un Beechcraft BE 300 à double hélice en provenance du Venezuela avait atterri au Mali, avec la cargaison déchargée et transportée par camions – après quoi elles en ont perdu la trace. En 2012, un avion Bombardier BD-700 a été saisi alors qu’il se dirigeait du Venezuela vers le Bénin, transportant 1,6 tonne de cocaïne. Refusé d’entrée au Bénin, l’avion a atterri aux îles Canaries où l’équipage a été arrêté par la police espagnole« . L’avion étant le 9H-FED, ici à droite. »

« Un exemple plus récent montre que les tentatives de contrebande de cocaïne vers l’Europe n’ont peut-être pas reculé. Fin 2021, deux individus ont été reconnus coupables aux États-Unis pour avoir projeté d’effectuer des expéditions de plusieurs tonnes de cocaïne depuis l’Amérique du Sud vers l’Europe à l’aide de jets privés immatriculés aux États-Unis. » Lire ici en sauvegarde mes découvertes sur le sujet.

« Les deux condamnés, qui étaient tous deux pilotes, prévoyaient d’utiliser un jet privé Gulfstream G2 immatriculé aux États-Unis (appartenant à l’un d’eux) ainsi que d’autres « vols noirs » non immatriculés et introuvables pour acheminer des expéditions de plusieurs tonnes de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud vers Afrique de l’Ouest. Ils prévoyaient de décharger la cocaïne sur des pistes d’atterrissage et des sites d’atterrissage clandestins dans le désert du Sahara. Dans le cadre de ce projet, ils avaient prévu d’utiliser leur compagnie aérienne comme couverture pour des vols vers l’Europe et d’autres pays transportant de la cocaïne sous couvert de vols commerciaux « VIP ». L’avion cité était le N4NR (ci-dessus à gauche) un vieux Gulfstream modèle IIB, doté de winglets, retrouvé bloqué en effet à Zagreb !. Les plans ne se sont pas pleinement concrétisés ; lors d’un envoi test à bord du jet privé Gulfstream G2 du Mali vers la Croatie, avec 1 kilogramme à bord, les deux hommes ont été arrêtés par la police nationale croate en coordination avec la DEA et extradés vers les États-Unis. » Les deux pilotes s’appelant Jean-Claude Okongo Landji et Jibril Adamu.

Derrière eux se profilait en fait le trafiquant colombien David Cardona-Cardona, d’une toute autre envergure car piégé comme Victor Bout par la DEA comme ayant tenté de transférer des armes aux terroristes d’Ansar al-Dine, notamment des missiles « Man-pads » capable d’abattre des avons au Mali ! (expliqué dans « Coke en Stock (CCLIII) : le chaînon manquant du trafic ou un autre Viktor Bout (M) » mis en ligne le 16 août 2019. Il est ici en photo lors de son arrestation, Derrière-lui c’est le Falcon 900 EX, immatriculé N385FD, ex N368FK, celui du brésilien Felipe Dutra Leite, d’où le « FD » à la fin, qui fait dans la bière chez Anheuser-Busch InBev SA et non dans la coke ! 

uS

Le co-accusé de Cardona et étant Shervington “Big Head” Lovell, propriétaire de l’hôtel Tower Suites (au Guyana) chargé de collecter la drogue en Guyana par bateau (il a été condamné à11 ans de prison en 2021). il avait été arrêt en 2018 au Norman Manly International Airport en Jamaïque avec le colombien Colombian Agimero Castro et le Surinamien Steven Antonius, eux aussi du complot auxquels ont peut ajouter Godofredo Leandro Gonzalez, Luis Rafael Febres Monasterio, Murvin Reigoud Maikel, Omar Torres, Moses Roopwah, Neredio-Julian Sucre, Argemiro Zapata-Castro, et Youssouf Fofana.

(2) La première fois qu’il a mis les pieds à Bogotá, c’était le vendredi 8 décembre 2017. À minuit pile, il est arrivé du Portugal et a déclaré qu’il était un touriste. Ce jour-là, il était accompagné du chef italien Alessandro Iembo et de l’espagnol Víctor Franco Lorenzo. Personne ne leur a posé beaucoup de questions et deux jours plus tard, ils étaient tous les trois de retour au Portugal. Après avoir effectué ce voyage, Neil et ses amis sont rentrés en Colombie le 26 janvier, cette fois en compagnie de Stephen Neil, le frère au chômage du maçon, et de José Ramón Miguélez Botas, coiffeur à Valladolid (Espagne). Les cinq hommes ont rempli 15 valises contenant 37 panneaux de cocaïne et sont montés à bord d’un luxueux avion Bombardier Global Express, affrété en Autriche, à destination de l’aéroport privé de Farnborough, au sud de Londres. Des hommes de Scotland Yard et de la National Crime Agency (NCA) du Royaume-Uni les y attendaient, saisissant une demi-tonne de coke et les envoyant en prison


Immédiatement, la police colombienne anti-narcotiques a contacté les liaisons colombiennes de l’ANC et a commencé à reconstituer l’itinéraire des cinq européens pour établir qui sont leurs partenaires en Colombie, qui les finance et comment ils ont obtenu une cargaison de cette taille. aéroports surveillés : El Dorado. Bien que l’enquête reste totalement confidentielle, les journalistes d’EL TIEMPO ont établi que lors de leur deuxième voyage, les étrangers se sont fait passer pour des hommes d’affaires et ont séjourné dans l’hôtel exclusif Marriott, à 10 minutes de l’aéroport de Bogotá. De plus, ils ont payé d’avance les 300 000 $ pour le vol privé (environ 900 millions de pesos) et ont contacté Central Charter S.A. Il s’agit d’une entreprise colombienne réputée avec plus de 36 ans d’expérience et spécialisée dans l’aviation privée, les services douaniers, la migration et la gestion des autorisations. pour vos clients VIP. « De toute évidence, Tyrolean Jet Services, la société autrichienne propriétaire du bimoteur, et Central Charter S.A. sont victimes de ce réseau. Mais force est de constater qu’il y avait des complices à l’intérieur du hangar », a expliqué un agent de la Police Anti-Stupéfiants. En effet, ses officiers ont déjà établi que la saisie de l’avion a été réalisée par un sujet arrivé au hangar, situé à l’entrée 2, intérieur 1, de l’aéroport, tout près du Pont Aérien. L’homme est entré dans un camion Kia avec une veste de police trop grande pour lui et sans marquage officiel dans la voiture. De plus, il possédait un chien qui ne correspondait pas au type et à la race de ceux de la brigade canine anti-stupéfiants. Et même si le hangar dispose d’une sécurité privée – qui dépend du concessionnaire Opain – et fait déjà l’objet d’une enquête, personne n’a rien remarqué d’étrange. Le faux policier a facilité la fouille des valises pleines de drogue et accéléré les procédures de douane et d’immigration. Grâce à cela, les cinq étrangers sont partis pour l’Angleterre à 18 heures le dimanche 28 janvier. Ce n’est que maintenant que les autorités découvrent qu’au moins deux de ces faux hommes d’affaires ont des antécédents dans leur pays. L’un d’eux, l’Italien Iembo, a des liens avec la mafia de Calabre, sa région d’origine. L’autre sujet qui a un casier judiciaire mineur est un Espagnol. EL TIEMPO a contacté les propriétaires du ‘narcojet’, immatriculé OE-IEL, et ils ont assuré que l’équipage, de nationalité autrichienne, a été interrogé et relâché lorsqu’il a été prouvé qu’il n’était pas impliqué dans les événements. Cependant, les itinéraires effectués par le « narcojet » ces dernières années ont disparu des bases de données aéronautiques.

Une réflexion au sujet de « Coke en stock CDXVI (416) : une sidérante réapparition, puis une seconde (h) »

  1. Ping : Coke en stock CDXVII (417) : une sidérante réapparition, puis une seconde (i) | COKE EN STOCK

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