Coke en stock CDXXI (421) : un cas emblématique (b) !

Nous revoici comme promis hier dans l’épisode précédent (paru le 1er mai derner) avec notre Beechcraft fétiche, car il va nous révéler l’entêtement de certains à vouloir faire dans le trafic juteux de cocaïne, sans toutefois y réussir cette fois, comme vous allez le voir. Le vieil avion, déjà compromis, on l’a vu, dans des transferts de coke avait été saisi, puis revendu, et il semblait plutôt végéter ces dernières années, faute d’entretien, de mise à jour et de papiers en règle, au fond d’un hangar situé dans un petit aérodrome discret, idéal pour trafiquer, le coin ayant été lui aussi un fief narco, que l’on pensait disparu. Aujourd’hui, davantage que l’appareil lui-même, c’est son pilote qui va nous intéresser… du genre maladroit, le mot semble faible car son dernier exploit du genre lui a coûté la vie… au Venezuela ! Et comme on va le voir aussi en conclusion, il n’était hélas pas le seul à transporter de la cocaïne !

L’incroyable accident… et la fuite

Revenons donc à notre Beechcraft sélectionné, le PR-NIB, l’ancien tahitien (ici à gauche)

On le retrouve cinq années plus tard faisant une nouvelle fois l’actualité des journaux télévisés avec un drôle d’événement survenu à Birigui, ah tiens, nous y revoilà (ci-dessous son aérodrome monopiste, en dur vu de Google Earth), le 4 mars dernier, à l’endroit même où avaient donc déjà été saisis des appareils de trafiquants !

L’aérodrome est celui du vaillant petit club de Birigui, très actif puisqu’il a réussi à faire venir en juin 2018 la belle patrouille acrobatique de l’armée brésilienne (Esquadrilha da Fumaça ou Smoke Squadron) évoluant sur SuperTucanos, pour ses 107 ans d’existence.

Une manifestation placée sous l’égide du premier astronaute brésilien, le lieutenant-colonel Marcos César Pontes (elle y venait déjà dans les années 90 en Tucanos). L’aéroclub porte sur son fronton le nom de son président, Munir Djabak, un passionné qui a réactivé l’association en 1974.

L’avion concerné (ici à droite en 2017 à l’Aeroclub d’e ‘Ituiutaba). qui réside dans un hangar de ce petit aérodrome est alors l’objet d’un litige avec son nouveau propriétaire, et ne volait donc plus car : il avait perdu son certificat de navigabilité faute d’avoir été entretenu correctement depuis sa saisie.

Un technicien de la société FMA, (interviewé ici à gauche) en effet, confirme au micro la chose et le fait que l’avion était bien chez eux…. « en attente d’intervention «  à la mi-2022, l’avion Baron avec l’immatriculation préfixe PR-NIB est entré dans le chantier de la société, qui est installé à l’aéroport de Birigui, afin d’être régularisé : « En raison d’un désaccord commercial et du manque de documents, aucun travail ni entretien n’a été effectué sur l’avion » affiirmera-t-il. En résumé, l’appareil n’était plus en état de vol et n’avait eu aucun entretien ! On note au passage que l’atelier de FMA, lui, paraît particulièrement bien fourni au regard de la taille de l’aérodrome :

L’incroyable crash

Le 5 mars dernier, les journaux télévisés brésiliens font leur une avec une vidéo qui fait le buzz, et il y a de quoi : l’atterrissage raté la veille d’un avion filmé par la caméra de surveillance d’un des hangars de Birigui. Saisissante séance en effet à regarder plutôt ici car on le voit arriver de loin et il est bien en train de ses poser et non de décoller comme certains l’avaient dit. Un atterrissage plutôt raté, avec un rebond, puis un second, sur la piste en dur et ensuite un moteur qui lâche (le gauche) et un qui s’emballe (le droit), lui faisant faire un demi-tour à plat et se poser…. à l’envers, en perdant au passage son winglet gauche et son radôme de nez…

… plus ses hélices tordues (celle de droite ayant le plus souffert), les trois jambes de train brisées. L’avion est une épave, désormais. Un vrai désastre, qui s’est heureusement terminé sur de la terre qui a amorti le choc et non sur le bitume de la piste.

A peine si on remarque l’altération de son immatriculation, côté gauche seulement, dans laquelle le N de PR-NIB a disparu ; il est tout simplement tombé, décollé de la tôle comme le fera remarquer un commentateur tv accouru sur place, aussi surpris que nous. Pour ce qui est du crash, défaut technique ou faute de débutant ? On ne le saura pas, le pilote n’est déjà plus là pour nous donner sa version des faits: l’appareil à peine écrasé, il s’est en effet enfui à toutes jambes.. et personne ne sait alors non plus qui il est. Pour la police en tout cas c’était un vol destiné au trafic de drogue, même si l’avion avait été retrouvé vide. A Birigui, le trafic continuait donc, à l’évidence !!!

On n’en saura en effet pas davantage les jours qui suivent, le nom de l’emprunteur-destructeur du Beechcraft demeurant inconnu. Un peu de patience, cela va venir !

Une vieille bécane pour frimer

Pendant tout ce temps, on l’a dit, des appareils n’ont cessé de changer de mains, surtout ceux qui ont été accidentés et dont la côte a nettement baissé, ce qui peut tenter on le sait les trafiquants toujours à même de réduire leurs frais de fonctionnement de leur business; ou des clients qui ne se renseignent pas sur ce qu’on leur vend. Prenons par exemple un autre robuste exemplaire, tel que le Piper Saratoga (Piper PA-32R-301 Saratoga SP), réputé pour sa solidité, il a fait ses preuves et est très répandu (on l’a produit de 1965 à 2009 et sous licence au Brésil sous le nom d’Embraer EMB-721 Sertanejo !). C’est à dire aussi que l’on trouve facilement ses pièces détachées en cas de pépin !

Le 26 juin 2019; un exemplaire immatriculé PR-ARJ (le N°3213009 de série, qui date de 1988) c’est l’ex N9136K de Souther Field Aviation Inc, un broker d’Americus, situé en Georgie,qui l’avait exporté en 2013 au Brésil, décolle d’Ataituba Aerodrome direction Maestro Wilson Fonseca Aerodrome, à Santarém. Tout va bien, mais arrivé à Santarem le train droit se signale comme sorti mais non verrouillé, resté bloqué dans l’aile. Le pilote fait demi-tour et décide de revenir à Ataituba , train droit toujours annoncé comme non verrouillé : il peut le faire, il est parti réservoirs pleins (il a 400 litres d’Avgas à bord).

L’avion réussit à se poser mais à peine au sol le train droit rentre et l’avion sort de la piste pour finir par une glissade sur l’herbe du bord de piste. Aucun blessé à déclarer et un avion n’ayant pas trop souffert de sa mésaventure. On ne détectera en fait aucune panne pouvant expliquer l’incident. L’avion, rapidement retapé (sa conception mécanique est très simple, comme on peut le voir ici à droite), revole donc, on le revoit par exemple à Manaus en août 2020 ou à Piquiatuba  en mars 2021. Il se retrouve mis en vente et racheté récemment par une entreprise appelée Das Maras Agropecuaria, qui ne fait qu’apposer son logo sur l’empennage comme signe distinctif du changement de mains (visible ici en mai 2023). Il est filmé ici décollant de Campinas en février 2023, et photographié Sorocaba le 6 mars. et le 13 novembre filmé en train de décoller également de Sorocaba. Bref l’engin semble très actif, vole pas mal et sans aucun accroc semble-t-il. Souvent, lors d’un rachat, on en profite pour repeindre l’avion pour le être aux couleurs de la société devenue propriétaire : là ce n’est pas le cas. Le nouveau possédant serait il pingre ? Ignorait-il le passé de l’engin ?

Son nouveau propriétaire, justement, (ici à gauche avec sa femme) présente en fait le profil classique du complet arriviste en affaires ; Il s’appelle Joao Pinheiro et enfile à la chaîne tous les clichés de celui qui a réussi (il fait plutôt penser à Antônio Mota): quand ce n’est pas avec son nouveau jouet (ici à gauche), qu’il n’a pas dû payer trop cher vu son âge et ses antécédents, c’est auprès d’un jet – qu’il ne possède pas- et de deux voitures de luxe devant son hangar industriel.

Ou à bord d’une autre limousine, pour voir un confrère, de descendre du premier Piltatus PC_24 d’Amaro Aviation (le fils du fondateur de la ligne TAM) ou se faire photographier avec des vedettes de la chanson,

Ou encore près d‘un hélicoptère immatriculé PR-HES, un Agusta A109K2 haut en couleurs et fort voyant basé à Curitiba – Bacacheri, celui Helisul Taxi Aéreo et non le sien (ah la musique de feuilleton accompagnant cette séquence !).

Ou cette autre vidéo, où on le voit grosse montre au poignet, mélanger du sucre avec … on ne sait quoi, et afficher « Icumsa 45 » (une des trois sortes de sucre brésiliens), musique de Mark Knofler à l’appui…

Notre homme se répand sur Instagram ou Facebook, tissant jour après jour sa propre gloire : c’est la mode des influenceurs, de ceux qui se prélassent dans des jets qui ne leur appartiennent pas et qui subjuguent ainsi les masses en leur faisant croire à la facilité de devenir millionnaire.

A la Kim Kardashian, en quelque sorte… le vide comme pensée, l’apparence seule comme leitmotiv de la vie. La frime journalière, de façon écœurante… (ci contre à gauche la cargaison de valises à fourrer en jet de la callipyge).

La réussite industrielle de notre homme est aussi due au hasard : au départ il ne pensait pas devenir un important vendeur de sucre, lancé plutôt dans la production agricole de soja, de maïs ou d’alcool et d’éthanol mais aussi désormais de viande, et même aujourd’hui de minerais (et il s’intéresse aussi aux transports terrestres ou aériens). Mais aujourd’hui il en vend des centaines de tonnes, de sucre, notamment à Dubaï, qu’il cite comme un de ses meilleurs clients. Du sucre, dites-moi, mais voilà qui interpelle quelque peu comme ingrédient…

Sugar, sugar...

Car parmi tous les moyens imaginés par les trafiquants de cocaïne, il y en a un apparu récemment, tiens. Et c’est celui-là : diisimuler de la coke dans du sucre ! C’est au Havre (voir ici le document implacable) que l’on a récemment re-découvert la première méthode, façon classique disons, le 10 mars dernier : « 32 millions d’euros. C’est la valeur estimée de la revente au kilo de la drogue saisie dans un conteneur au port du Havre, le 23 janvier dernier, selon BFM Normandie. Un peu plus d’une tonne de cocaïne a été dissimulé dans une cargaison de sucre, en provenance du Brésil. Les douaniers ont été interpellés par le cheminement du conteneur. Avant d’arriver en France, il a transité par les ports de Rotterdam (Pays-Bas) puis d’Anvers (Belgique). Deux endroits au premier plan du trafic de cocaïne en Europe. Une source proche du dossier confirme à 76actu que « dans cette affaire, il y a eu un excellent travail de ciblage de la douane ». L’énorme quantité de drogue était conditionnée sous forme de pains, cachée dans une cinquantaine de sacs de sport. D’après les enquêteurs de Seine-Maritime, une partie avait préalablement été vidée dans le port d’Anvers par des narcotrafiquants. Ils n’auraient pas eu le temps de finir le déchargement. Au total, selon les autorités, le conteneur devait contenir près de 3 tonnes de cocaïne ».

Bon là, c’est le jeu de la cachette « classique » ou habituelle avec chargement séparé, mais avec le sucre il y a mieux (ou pire) à faire : en 2022, en Espagne (puis depuis peu en France) on avait carrément savamment mélangé la coke avec le sucre, la rendant indétectable à moins d’un procédé chimique pour ensuite les séparer ! « C’est à Thiais que la drogue doit être traitée en laboratoire pour être séparée du sucre. “Le phénomène des laboratoires existe depuis quelques années en Europe mais surtout en Espagne. C’est tout nouveau en France”, explique Stéphanie Cherbonnier, la directrice de l’Ofast. (ici à droite en commission parlementaire le 27 novembre 2023,, qui parlait de « menace importante; le sujet principal étant la cocaïne).

« Mais un laboratoire requiert des chimistes capables de séparer la cocaïne de marchandises contaminées, comme le charbon, des liquides ou du sucre. C’est pourquoi des chimistes colombiens ou mexicains ont commencé à arriver en Europe. Sur la période 2018-2021, 25 laboratoires ont été découverts en Europe dont 11 en Espagne, chiffre la directrice de l’Ofast auprès de l’AFP« . peut-on lire ici »

Une addition sucrée : 22 tonnes !

Et avec derrière cela surtout une sacrée organisation, jouant sur plusieurs niveaux de trafic : « tout a démarré en juin 2021 par une enquête ouverte par le parquet de Nice sur des soupçons de fraude présumée au chômage partiel dans le contexte de la pandémie de Covid-19, selon le communiqué du ministère des Finances. La justice avait été alertée par le ministère du Travail sur « une entreprise ne paraissant avoir aucune activité » qui avait pourtant reçu une indemnisation de 124 000 €, précise Bercy. Saisi par le parquet de Nice, le SEJF a mis en évidence « que cette fraude était le fait d’une organisation criminelle […] dans le cadre d’activités de contrebande de tabac et de stupéfiants, notamment en provenance des Émirats Arabes Unis et de la Colombie ». Trop fort les gars : il s’étaient payés au passage la gueule du gouvernement en s’offrant une subvention !

« Devant l’ampleur de la fraude et ses ramifications internationales, les investigations ont été reprises en février dernier par la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco) et trois juges d’instruction du tribunal judiciaire de Paris désignés pour poursuivre l’enquête. Les enquêteurs ont découvert que cette organisation criminelle était à l’origine « de  l’importation de 12 tonnes de tabac saisis par les autorités belges en août 2021, de 600 kg de cocaïne saisis en septembre 2021 dans le port de Carthagène par les autorités colombiennes ainsi que [du] blanchiment de plusieurs millions d’euros« , selon le communiqué. Le Monde vient juste de découvrir la méthode; il semble bien.

« Depuis la saisie des 22 tonnes de sucre cocaïné le 5 mai dernier (2022), 17 personnes ont été interpellées dont 9 en France, en région parisienne et dans le Sud, 7 en Espagne et 1 à Dubaï. Lundi et mercredi, 6 personnes arrêtées en France ont été mises en examen et placées en détention provisoire, 3 autres ont été remises en liberté sans poursuite, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.Les 7 interpellés en Espagne sur mandat d’arrêt européen sont des ressortissants colombiens, soupçonnés d’être des chimistes capables de séparer la cocaïne du sucre. La personne interpellée à Dubaï l’a été sur mandat d’arrêt international. Elle est soupçonnée d’être l’organisatrice du trafic. » Fin de la parenthèse sucrière.

Le retour (entre quatre planches) du pilote trafiquant

Pour notre vendeur de sucre à la tonne, à l’ambition démesurée comme on l’a vu, rien ne dit -pour l’instant- qu’il se soit fait aider par des panoplies de petit chimiste, et le voilà plutôt tenté récemment par la politique, devenu résident du parti PRTB (Partido Renovador Trabalhista Brasileiro, un parti proche de l’extrême droite, avec des liens neo-fascistes) il venait en effet d’annoncer (sur Instagram) sa candidature à la mairie de Marília… pour se faire aussitôt incendier par la concurrence en l’occurence l’actuel maire de Marília, Eduardo Nascimento (ici à gauche, du PSDB, Partido da Social Democracia Brasileira,celui qui a démis Dilma Roussef et a soutenu Bolsonaro), un maire qui a aussitôt « annulé le décret législatif 456 du 6 juin 2023, qui accordait le titre de citoyen de Marília à l’homme d’affaires João Henrique Pinheiro, propriétaire de l’entreprise Sugar Brazil ». S’ajoutant à cela une enquête lancée à son encontre pour « crimes financiers et blanchiment » : un vrai règlement de comptes politiques à OK Coral entre leaders de droite dure !

Bref, le voici ciblé… et déjà lassé semble-t-il aussi de son avion, revendu vite fait selon ses propres dires le 26 février dernier…. « j’ai vendu cet avion à la fin du mois dernier. C’était le mien. Nous ne l’avions même pas été immatriculé auprès de l’Anac, car il y a 30 jours (pour le déclarer; nota)« , a-t-il déclaré. L’acheteur, selon lui, est un groupe du Tocantins ». et ce, juste pile avant (voilà qui tombe plutôt bien) qu’on ne le trouve… complètement détruit. Au Venezuela !

Car l’annonce de l’accident du 12 mars, vous vous en doutez un peu, c’est celle aussi de la découverte de son PR-ARJ, le fameux Piper Saratoga, au fuselage retrouvé carbonisé avec dedans deux corps, comme on l’a dit dans notre premier épisode, mais un empennage épargné par les flammes qui ne trompe pas : c’est bien le même appareil en effet qui est venu s’écraser au Venezuela… très certainement en quête de cocaïne (on y vient rarement pour faire du tourisme ou même des affaires) ! La preuve est flagrante (à comparer avec la photo avec le propriétaire et sa femme ci-dessus) ! Ou comment ruiner une carrière politique à peine débutée ! Le voici dans de beaux draps, notre fringuant entrepreneur ! De ne pas l’avoir déclaré à l’Anac comme étant vendu, en effet, voilà qui le met fortement dans l’embarras !

Et il n’y a pas que l’empennage de l’avion qui a échappé au brasier : les enquêteurs arrivés sur place ont trouvé intacte, et bien lisible, éjectée lors de l’impact d’un atterrissage (encore) raté, donc, une carte d’identité :celle du pilote de l’avion, un individu, un brésilien, nommé Cristian Seganfredo Auler, âgé de 42 ans. Ce n’était effectivement pas un saint dans son pays, à voir ses nombreux antécédents judiciaires, dont un accident de circulation, un port d’arme prohibée et divers délits financiers.

L’homme qui vivait à vivait à Passo Fundo était originaire du Sertao au nord du Rio Grande do Sul est censé avoir été pilote de taxis aériens depuis 2018 dans le Mato Grosso, sans plus de détails… (et on pense aussi bien avant !) mais au moment même de la découverte de son corps une information sidérante provenant des enquêteurs du crash de Birigui nous annonce que c’était lui aussi l’auteur du vol raté du 4 mars sur le petit aérodrome brésilien ! C’était en effet le même pilote mour les deux accidents !!

« L’enquête a révélé qu’Auler était en ville ce jour-là et séjournait dans un hôtel. Par ailleurs, un justificatif de paiement de frais a été retrouvé sur son CPF via Pix, et les employés de l’aérodrome ont confirmé qu’il s’agissait de la même personne. L’enquête préliminaire est toujours en cours et le PF attend des informations de l’Anac (Agence nationale de l’aviation civile) » (…) l’atelier mécanique où se trouvait l’avion depuis 2022 a signalé que le pilote s’était identifié uniquement comme « Cristian ». Il avait effectué un vol vendredi (1er mars) et prévoyait de retirer le bimoteur le mercredi suivant (6 mars). Une semaine à peine auparavant il avait crashé un autre appareil, cette fois-ci, il en est mort !!!

Une disparition qui soulève bien des questions : comment a-t-il pu aussi facilement effectuer deux vols avec un avion non réglementaire, à partir de Birigui, et pourquoi les responsables du hangar de FMA l’ont-il laisse faire ? De vivre à l’hôtel dans l’attente du bon moment pour voler un avion est le signe de quoi ? D »une décision à prendre ou de l’attente d’ordres venant d’ailleurs ? De quel passe-droit bénéficiait-il et qui était le propriétaire alors du Beechcraft ? Etait-ce lui ? I En avait-il les clés ? En 2018; l’avion était recensé comme appartenant toujours à GRUPAL AGROINDUSTRIAL SA (depuis 2015) une société d’élevage bovins qui en était à 605 problèmes juridiques répertoriés dans le pays et dont la faillite avait été annoncée en 2016 par le juge Cláudio Roberto Zeni Guimarães. Qui était son nouveau propriétaire, réticent comme on l’a vu à effectuer sa mise à niveau (et les payer surtout, il semble) ?

D’autres pistes

Quel est le lien entre les deux vols de Birigui et du Venezuela ? Pourquoi avoir recommencé dans un laps de temps aussi court, ce qui fait songer à une commande impérative avec une deadline (sans jeu de mots morbide) à respecter. une « dette » de chargement précédant qui aurait foiré ? Qui était son complice ? Quelle est la part réelle du propriétaire du Saratoga dans l’organisation du second forfait (sa vente au pied levé tenant difficilement la route), et celle surtout de son pilote, chez qui on est en droit se demander s’il n’avait pas fait partie jadis du gang Rocha, où s’il ne lui était pas arrivé déjà auparavant d’autres aventures similaires, vu sa dextérité à changer de monture à défaut de son sens du pilotage.

On pense en effet au cas de l’avion retrouvé en mai 2017; un EMB-720D Neiva (PA32) immatriculé PT-RLE, planté dans un champ de cannes à sucre dans le Mato Grosso à Mundo Novo (ci-dessous à droite). L’avion appartenant alors à un entrepreneur de Paranaíba (Edmur Guiimara Bernardes), ville située a 458 kilomètres de Campo Grande, à la frontière du Paraguay (ici à droite l’appareil, vautré avec visiblement la même méthode d’atterrissage !). Ou s’il n’avait cédé depuis aux sirènes des vols de garimpeiros, les ravitailleurs des orpailleurs…

Ou alors celui du modèle PT-EYL, qui poursuivi par deux Tucanos, avait fini le 18 janvier 2023 par se poser dans un champ de soja dans la région de Caporanga, chargé à bloc de pas moins de 528,5 kilos de drogue au total (500 comprimés de stupéfiants, 250 de cocaïne et 250 de pâte à base de cocaïne).

A se demander comment il avait pu rentrer tout ça dedans !. Réponse avec la photo à gauche… L’avion, justement, un Embraer EMB-720C Minuano (copie de Piper PA-32 Cherokee), provenait du Paraguay. Comme chez les trafiquants mexicains achetant leurs avions aux USA, il avait vu son certificat de vérification de navigabilité (CVA) expirer. « L’avion a été acquis en mars 2021 et son CVA a été suspendu quelques mois plus tard », selon l’ANAC:lui aussi n’avait plus le droit de voler

En 2018 il appartenait encore à Alexandre Dibo Nacer Junior, de Campo Grande  lui aussi en (long) conflit avec la justice. C’est le patron de Futurista Tour Viagens e -Turismo LTDA.. Ce jour-là, les deux occupants de l’avion avaient réussi à fuir, eux aussi… et quelques jours plus tard, alors que la police pesait avoir localisé -et arrêté- un des deux pilotes recherchés, c’étaient deux avocats de Birigui qui étaient venur leur dire qu’ill devait y avoir erreur, leur client ayant un bon alibi, selon eux… »il aurait piloté pour la dernière fois l’avion susmentionné en mars 2021. « Il sera prouvé lors de l’action de poursuite que notre client est un ingénieur civil propriétaire d’une entreprise de construction. et à la date des événements, il était en voyage, ayant même passé la nuit dans un hôtel renommé d’Araçatuba », informent-ils dans une note. » Et lui aussi avait été un avion déjà accidenté (en 1980 !).

Devenu pilote agricole ?

On retrouve également un contrat particulier passé au nom de notre pilote décédé avec la gouvernance de l’Etat de Rio grande do Sul disant que « le but de ce contrat est de louer la propriété située Av. Getúlio Vargas, n° 499, Centro, dans la ville de Sertão/RS, d’une superficie totale louée de 57,42 m2, destinée à l’utilisation et à l’exploitation de Defesa Agropecuária da SEAPDR.; VALEUR : 1 000,00 R$ (mensuel) ». Une autre couverture pour trafiquer ?. Le SEAPDR s’occupant de la circulation et du contrôle des engrais, des graines ou des pesticides dans le pays: « en 2021, Les inspecteurs du Secrétariat de l’Agriculture, de l’Élevage et du Développement Rural (SEAPDR), en activité aujourd’hui (03/08) dans la municipalité de Sertão Santana, ont inspecté et infligé une amende à une entreprise qui opérait sans enregistrement pour la vente de pesticides, en plus de vendre graines sans origine prouvée. 5 400 kg de graines de ray-grass et 400 kg de graines de maïs ont été retrouvés sans preuve d’origine (photo ici à droite). Et les pesticides saisis totalisent 29,2 litres sans enregistrement et 162 litres enregistrés auprès du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Approvisionnement (Mapa) »; une autre corde à son arc (de délinquant) ?

Ou une simple reconversion, chez lui, puisqu’on trouve son nom inscrit sur un centre de formation à la pulvérisation aérienne ainsi présentée : ‘l’Académie brésilienne de technologie d’application aérienne vise à mettre à jour, améliorer et former les professionnels sur les meilleures pratiques en matière de pulvérisation aérienne, en discutant de l’évolution de la technologie et des moyens d’optimiser les résultats, dans le cadre des normes mondiales de durabilité économique, sociale et environnementale ».

Le pilote formateur étant Wellington Carvalho (ici à droite), un passionné d’aviation et d’astronaiutique, spécialiste réputé de la liaison GPS des pulvérisateurs (pour bien calculer le débit et la répartition du taux de pesticides…) et grand supporter de l’Embraer Ipanema !

Voilà où nous a mené ce fait divers dont personne en Europe n’a parlé, alors que le produit final transporté, on le sait finira par y atterrir… A croire, comme je vous l’ai dit ici pendant plus de dix années maintenant, que tout le monde s’en fiche. Plus de dix ans, car tout a commencé à Tarkint, au Mali, en 2009, avec un individu (et d’autres) nommé Miguel Angel Devesa… que nous verrons bientôt, son procès terminé..

En attendant nous allons ,voir les autres de possibilités de vol de note pilote mortellement maladroit, tant des avions chargés de cocaïne traversent tous les jours les cieux brésiliens, comme nous le verrons demain…